A la 66e session des Nations Unies en Septembre 2011, le Président de la république, son Excellence M. Alassane Dramane Ouattara déclarait á la tribune qu'il veut faire de la Côte d'Ivoire un pays émergent d'ici à l'an 2020, en faire ''le petit Etats-Unis'' d'Afrique. C'est á ce titre que depuis son élection, le Président a transformé le pays en véritables chantiers parmi lesquels le système de ponts et autoroutes à péage.

La construction et le fonctionnement du pont Henri Konan Bédié, des autoroutes á péage et leurs voies d'accès vont réduire considérablement la durée des trajets, améliorer la mobilité générale, soulager la congestion chronique de la circulation à Abidjan et réduire les tracasseries policières (harcèlement des chauffeurs). L'initiative du péage devrait pouvoir générer des revenus pour aboutir au développement des infrastructures et dans le même temps garantir leur entretien.

Cependant ce que je déplore, c'est le fait qu'on n'explique pas aux populations et aux usagers le bien-fondé des idées novatrices, des chantiers et des projets de développement. On aurait pu procéder á une vaste campagne de sensibilisation avec prospectus, documentaires, des spots publicitaires, en langues locales et rencontres á l'appui pour expliquer le projet. C'est un projet assez vaste et á longue durée. Si les premiers usagers perçoivent l'importance de la chose, il va de soi qu'ils seront ceux-là même qui vont en faire la promotion. Cette campagne aurait pu regrouper autour de la même table le gouvernement, les syndicats, les mairies, les chauffeurs, les responsables des compagnies de transport, la presse sous toutes ses formes pour éviter les réactions négatives de la population sur les medias sociaux.

Pour le succès de ces projets de développement, j'insiste sur le fait qu'il faille mener une campagne de sensibilisation á outrance. Aujourd'hui l'opposition des populations qui découvre un systeme nouveau dans leur environnement %u2013 et qui du coup voit son impact négatif sur le panier de la ménagère - se situe au niveau des tarifs. Aux travers de campagne de sensibilisation, il va falloir aussi largement expliquer aux usagers les différentes grilles tarifaires, les services après vente, le service d'entretient et les mesures d'accompagnement. C'est-á-dire pourquoi certains payent un tel prix, alors que d'autres payent moins ou plus. Le gouvernement a arrêté des prix sans toutefois donner le temps aux usagers de se préparer et sans y ajouter des mesures d'accompagnement. Au lieu des 1250f, 2500f, 7500f et 10000f arrêtés par le gouvernement, on aurait pu ramener le péage à un niveau plus bas et actionner d'autres leviers pour balancer les coûts. Le gouvernement peut renégocier avec l'opérateur pour prolonger la durée de concession et augmenter progressivement les coûts du péage comme cela se fait aux Etats-Unis.

Le système ivoirien doit correspondre aux normes internationales requises de péage. Si quelqu'un arrive à forcer le barrage, comment retrouver cette voiture et si possible comment infliger une contravention à cette personne. Chaque poste de péage doit être équipé d'un service de vidéo-camera pour faire les photos des plaques d'immatriculation. La gestion interministérielle et décentralisée de ces infrastructures réduira au maximum le copinage. Le ministère de l'équipement et des infrastructures gère les infrastructures, le ministère de la sécurité gère la sécurité incluant les video-camera. Il faut aussi garantir la sécurité des installations avec la présence de nos forces de l'ordre aux différents postes de pelage pour parer à toute éventualité. Tout doit se faire avec consensus. Ici aux USA, chaque Etat est le propriétaire du système mais des personnes morales et privées sont embauchées avec leur propre personnel pour assurer la gestion efficiente et le succès de ces projets de développement économiques et sociaux.

Il faut aussi expliquer aux usagers les avantages directs et indirects de ces projets. Avec la mise en service de ces nouvelles infrastructures, le gain en temps et en argent sera réel. Au lieu de 2 ou 3 litres de gasoil pour l'axe Rivera-Marcory en passant par les ponts déjà existant, aujourd'hui vous n'aurez besoin que d'un litre. Au lieu d'une ou deux heures pour le même tronçon, ça vous prendra 25 á 30 mn. D'où une amélioration considérable de la fluidité routière à Abidjan et ses environ, amélioration de la politique des transports, le développement économique local et l'aménagement de la ville d'Abidjan et des grandes axes routiers du pays.

Travaillant dans l'administration des services du péage aux Etats-Unis depuis 17 ans (professionnel et formateur), j'adhère entièrement à cette nouvelle politique engagée par les autorités, dans la mesure où chacun y gagnera. Les usagers gagneront en temps et en argent et le gouvernement aura sa part pour renflouer ses caisses afin de construire le pays. Cependant rien ne peut se construire sans une rigueur adaptée et appliquée. Sans une éducation de masse et une formation des usagers par une sensibilisation continue. Cela doit amener les usagers à comprendre la nécessité, le bien-fondé et les objectifs d'un projet de développement tel que le pont à péage. Toute chose qui aura le mérite d'éviter les incompréhensions et drainer l'adhésion de tout le monde.

La faisabilité politique de programmes de péages urbains est le résultat d'un processus long, dans lequel interviennent plusieurs rapports de force entre acteurs, et qui prend en compte les services et les alternatives offerts, les niveaux de prix, la protection de l'environnement, le développement économique, la sécurité et l'emploi.

Je supporte entièrement les projets de ponts et autoroutes á péage. Pour tout pays en voie de développement, il faut s'approprier les nouvelles technologies pour vue qu'elles soient gérées á bon escient. Peut être que le gouvernement devrait donner ce projet á des privés et superviser en établissant toutes les barrières.

Germain Kouassi