Réforme contre les troisièmes mandats en Afrique : Le réveil tardif de la Cedeao ?

  • publiè le : 2022-06-19 11:57:03
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Réforme contre les troisièmes mandats en Afrique : Le réveil tardif de la Cedeao ?
La Cedeao envisage d'introduire des réformes contre les troisièmes mandats et les modifications des Constitutions à des fins électorales. L'information a été donnée le dimanche dernier par le président du Niger, Mohamed Bazoum au cours d'une interview accordée à des médias ouest-africains. Si la nouvelle en elle-même est bonne, elle sonne comme le réveil du médecin après la mort du patient.


Dans un entretien accordé à des médias ouest-africain le dimanche dernier, le président du Niger Mohamed Bazoum a sans lui-même le savoir mis à nu les incohérences et la grosse contradiction dans la démarche de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cedeao). Notamment sur la question du troisième mandat et les modifications des constitutions à des fins électoralistes dans la sous-région ouest-africaine. A la question du journaliste de savoir s'il est « contre les troisièmes mandats », la réponse du président Nigérien est sans équivoque. « Nous sommes contre les troisièmes mandats.


Et nous sommes en train de changer le protocole de la Cedeao relatif à la démocratie et à la bonne gouvernance et aux élections pour que nous prévoyons des dispositions qui, justement font des changements constitutionnels pour envisager des mandats supplémentaires indus comme des entreprises de subversions sur les institutions, exactement comme un coup d'Etat », s'est exprimé le chef de l'Etat du Niger.

Quand l'un des journalistes demande : « y compris celui de la Côte d'Ivoire ? », c'est un Mohamed Bazoum balbutiant et peinant à cacher son embarras qui lâche, « oui, s'il venait à l'esprit au président Ouattara de faire un autre mandat, il tombera certainement sur le coup des nouvelles dispositions que nous allons mettre dans le prochain protocole et ça vaudra pour moi aussi et quiconque ».

On aurait pu saluer cette volonté des dirigeants de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest de de lutter contre la confiscation du pouvoir dans la sous région si l'on n'avait pas été témoin du silence complice de cette dernière en 2020 lorsqu'Alassane Ouattara et Alpha Condé prenaient le pari respectif de mettre la Côte d'Ivoire et la Guinée dans un grand moment d'incertitude et de trouble institutionnel avec leur volonté d'aller au-delà des deux mandats légaux.

Alors que les Ivoiriens et les Guinéens se faisaient massacrer par les deux personnalités qui voulaient par tous les moyens rester au pouvoir, l'institution sous-régionale quant à elle, faisait le sourd et l'aveugle devant l'appel à l'aide de ces pauvres populations qui ne demandaient à leurs dirigeants que de respecter la limitation dumandat présidentiel conformément aux dispositions constitutionnelles. Une fois de plus, pendant comme à son habitude, Bazoum et la Cedeao semblent ne pas savoir le risque d'instabilité que court le Sénégal de Macky Sall depuis plusieurs jours.

Longtemps soupçonné de vouloir s'arroger un mandat supplémentaire à la tête du pays,Macky Sall fait depuis quelques jours face à de fortes mobilisations contre le rejet de la candidature de nombreux leaders de l'opposition pour les législatives du 31 juillet prochain. Certes les manifestations conduites par le célèbre opposant sénégalais Ousmane Sonkon, lui-même écarté de la course à l'hémicycle, réclament la réintégration des candidatures rejetées pour les législatives, tout en envoyant un avertissement au président quant à une probable volonté de faire un troisième mandat lors de la présidentielle de 2024.

« Il y a des choses qu'on ne peut plus admettre dans ce pays au nom de l'exercice d'une profession. On se permet de piétiner la loi, de piétiner la constitution et de mettre le pays en sécurité », s'est indigné l'opposant sénégalais. Comme les Ivoiriens et les Guinéens, hier luttant pour le respect des textes par Alassane Ouattara et Alpha Condé sous le regard et le silence coupable de la Cedeao, ce sont aujourd'hui les Sénégalais qui font le constat de l'inutilité de l'organisation sous-régionale face au viol des Constitutions. Le discours de Mohamed Bazoum est beau et pourrait faire rêver si seulement cette Cedeao des chefs d'Etat n'avait pas réussi à convaincre tout le monde sur son caractère de club d'amis qui se protègent entre eux. A quoi serviront donc les réformes annoncées par la Cedeao qui s'est elle-même affaiblie et décrédibilisée par son incapacité à traiter avec fermeté les violations des Constitutions dans la sous-région ?

En tout cas, on pourrait le dire sans hésitation aucune, l'organisation sous-régionale campe bien le rôle du médecin après la mort, elle qui a regardé impuissamment Alassane Ouattara et Alpha Condé ouvrir la boite de Pandore des troisième mandat en Afrique de l'ouest alors que cette partie du continent semblait amorcer la pente de l'alternance démocratique avec les exemples du Mali, du Sénégal, du Ghana et du Niger.

auteur : Nord Sud

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