Ce jour là : le 7 décembre 1993, la mort d'Houphouët-Boigny

  • publiè le : 2016-12-07 10:45:49
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Ce jour là : le 7 décembre 1993, la mort d'Houphouët-Boigny

(Photo d'archives pour illustrer l'article)

Le 7 décembre 1993, il y a tout juste 23 ans, le père de lanation ivoirienne rendait son dernier souffle. Un article sur ce moment clé dela Côte d'Ivoire contemporaine publié pour la première fois dans Jeune Afriqueen 2004.
Orange, blanc et vert, les drapeaux ivoiriens sont déployés cemardi 7 décembre 1993 dans toutes les communes d'Abidjan, qui s'apprête àcélébrer le trente-troisième anniversaire de l'indépendance. Pour l'occasion,le Premier ministre Alassane Dramane Ouattara assiste tôt le matin, encompagnie du président de l'Assemblée nationale Henri Konan Bédié, à unecérémonie de « prise d'armes » au palais présidentiel. Pour la première fois,le chef de l'État Félix Houphouët-Boigny est absent. Il est resté àYamoussoukro, son village natal. À 10 heures, « Radio-Treichville », la rumeurlocale, annonce sa mort. Les officiels ivoiriens ne réagissant pas pourconfirmer ou infirmer « l'information », les bruits sur le décès du présidentse répandent à travers tout le pays.
À la mi-journée, Radio France Internationale (RFI), qui testaitses premières émissions en ondes courtes (FM) en Côte d'Ivoire, rend publiquela mort du « père de la Nation ». À 13 heures, Alassane Ouattara la confirmeofficiellement dans les studios de la Radiotélévision ivoirienne (RTI). Âgé de88 ans et malade depuis six mois, Houphouët-Boigny souffrait d'un cancer de laprostate. Un mal pernicieux, qui, dès juin, l'avait conduit en France pour dessoins. Revenu discrètement sur une civière en Côte d'Ivoire en novembre, Boigny(« bélier », en langue baoulé) ne quittait plus son palais où seuls étaientadmis son médecin, la famille restreinte et quelques proches
Deuil national de deux mois
De nombreux Ivoiriens pleurent la mort de celui qui a incarné lavie politique dans leur pays pendant un demi-siècle en observant un deuilnational de deux mois (du 7 décembre 1993 au 7 février 1994). Les héritiers,eux, n'attendront pas pour se disputer la succession. Avant même l'inhumationdu « Vieux », son dauphin constitutionnel Henri Konan Bédié s'autoproclame présidentde la République, tandis que le gouvernement de Ouattara donne sa démission. Unbras de fer oppose les deux hommes, et le pire est évité de justesse : àAbidjan, on parlait déjà de coup d'État.
Quand le baobab s'effondre, comment garder les oiseaux ?Si les héritiers ne se donnent pas la main, ils ne pourront assumer l'héritage
Le 1er février, la dépouille du défunt est transférée à Abidjanpour recevoir les hommages des forces de sécurité et défense ainsi que desreprésentations diplomatiques. Suivent dignitaires religieux, hautsresponsables politiques ou économiques, représentants du monde associatif etculturel... Les 3 et 4 février, tout au long de la journée, une foule d'hommes,de femmes et d'enfants pleurent devant la dépouille de « Foufoué », commel'appelaient affectueusement ses compatriotes. Le samedi 5, à 13 heures, lecortège funèbre prend la route de Yamoussoukro ; à 17 heures, il arrive à lafondation Félix-Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix. Deux joursdurant, les hommages affluent.
Aux obsèques, chefs d'État et des représentants de120 autres pays
Le 7 février, vingt-sept chefs d'État et des représentants decent vingt autres pays adressent un ultime adieu à Houphouët sous la coupole dela basilique Notre-Dame-de-la-Paix. Il y a là le président français FrançoisMitterrand, son Premier ministre Édouard Balladur et tous les anciens Premiersministres français. On note aussi la présence de l'ancien chef de l'Étatfrançais Valéry Giscard d'Estaing, du président de la Commission européenned'alors Jacques Delors ou encore de Jacques Foccart. Avaient également fait ledéplacement de Yamoussoukro les présidents Abdou Diouf, Mobutu Sese Seko, OmarBongo, Jerry Rawlings, Gnassingbé Eyadéma, etc. Des représentants desorganisations internationales, de hauts dignitaires des cinq continentss'inclinent devant la dépouille du vieux « crocodile ». La cérémonie funérairedure toute la matinée à la basilique, puis, à 17 heures, le corps estsolennellement remis à la famille pour l'inhumation dans l'intimité, au coeurde la résidence privée.
Onze ans après la disparition du « père de la Nation »[cetarticle a été publié en 2004, NDLR], la Côte d'Ivoire est toujours à larecherche de ses repères politiques et sociaux. Dans ce bref laps de temps, lepays a connu en 1995 un boycottage actif des élections accompagné de mortsd'hommes, un coup d'État en décembre 1999 ; depuis septembre 2002, unerébellion le coupe en deux. La violence, les assassinats et les règlements decomptes ont remplacé les valeurs de fraternité et de paix que prônait « OufouéDjaa ».
«Quand le baobab s'effondre, comment garder les oiseaux ? Si les héritiers ne sedonnent pas la main, ils ne pourront assumer l'héritage », déclarait, aulendemain de la mort du « Vieux », Alpha Oumar Konaré alors président du Mali.Des propos prémonitoires au regard des conflits de tous ordres que la Côted'Ivoire connaît depuis une dizaine d'années.
source : Jeune Afrique    |    auteur : Muhamed Junior Ouattara

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