Du climat à Israël : comment Barack Obama tente de savonner la planche de Donald Trump

  • publiè le : 2017-01-21 03:56:15
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Du climat à Israël : comment Barack Obama tente de savonner la planche de Donald Trump

(Photo d'archives pour illustrer l'article)

La décision deBarack Obama de verser 500 millions de dollars au fonds vert pour le climatsert autant la cause environnementale que le but politique de plus en plusclair du président sortant : savonner la planche de son successeur.
L'un tempête, l'autre agit. Alors que Donald Trump multiplie,depuis son élection, les critiques de l'héritage d'Obama - de son engagementcontre le réchauffement climatique à sa politique de détente avec Cuba oul'Iran - le président sortant préside. En prenant soin de savonner autant quepossible la planche de son successeur.
À deux jours del'investiture de Donald Trump, Barack Obama a, ainsi, fait un chèque de 500 millions de dollars au fonds vert pour le climat de l'ONU,mardi 17 janvier. Difficile de ne pas voir dans ce geste une tentative del'actuel locataire de la Maison Blanche pour consolider les acquis de la COP21, menacés par Donald Trump. Le président élua, en effet, promis d'arrêter de "payer des millions" pour lutter contre leréchauffement climatique.
Depuis la déroutedémocrate à l'élection présidentielle américaine, ce n'est pas la seule mesureprise par Barack Obama qui semble calibrée pour contrecarrer les plans decampagne de son successeur. Tour d'horizon des dernières décisions du futurex-président qui vont peser sur le mandat de Donald Trump.
Interdire lesforages en arctique. Barack Obama ne veut pas que son successeur décide d'allerchercher des nouveaux gisements d'hydrocarbures dans les eaux américainesd'Arctique et d'Antarctique au risque d'en détruire l'écosystème. Il a décidé,le 20 décembre 2016, de sanctuariser 50 millions d'hectares pour les mettre àl'abri de l'appétit des grands groupes gaziers ou pétroliers.
Ces derniersespéraient pourtant que la présidence Trump leur ouvre de nouvellesopportunités dans la très convoitée région au nord du continent américain,censée être riche en gisements inexploités. Le président élu avait, en effet,promis de déréguler au maximum le secteur énergétique pour favoriserl'activité économique, et donc la croissance. Reste à savoir si Donald Trumpréussira à dé-sanctuariser ces nouveaux espaces protégés. Georges W. Bush avaitpu faire annuler l'interdiction de chercher des gisements sur 50 % des 120millions d'hectares d'océan que Bill Clinton avait fait protéger.
Des monumentsnationaux plutôt que du gaz de schiste. La région du Bear Ears dans l'Utah etde la Gold Butte dans le Nevada pourrait abriter des gisements miniers etgaziers à même d'intéresser des groupes cherchant à exploiter les ressourcesnaturelles du sol américain. Qu'à cela ne tienne : Barack Obama les atransformées en monuments nationaux le 28 décembre, les protégeant de factocontre toute tentation d'exploitation économique.
Officiellement, leprésident sortant entend protéger un héritage culturel considéré comme sacrépar les Amérindiens. Officieusement, il met de sacrés bâtons dans les roues desrépublicains de ces deux États, qui comptaient sur Donald Trump pour laisserdes entrepreneurs y faire de la prospection. Cette décision portant sur 6 475km² pourrait être encore plus efficace que l'interdiction des forages enArctique, car personne n'a jamais annulé une inscription dans le catalogue desmonuments historiques américains.
Compliquer lesrelations russo-américaines. L'expulsion par l'administration Obama, le 28décembre, de 35 diplomates russes après la publication d'un rapport des services secrets américains qui accuse le Kremlind'être à l'origine des cyberattaques durant la campagne électorale, met DonaldTrump sur la défensive. Le président élu, qui ne cache pas son admiration pourle président russe Vladimir Poutine, va prendre les rênes d'un pays qui estimeofficiellement que la Russie a tenté de fausser le processus démocratiqueaméricain.
Il aura beau, commeil l'a promis, mettre beaucoup d'eau dans la vodka diplomatique, l'expulsiondemeure, les sanctions économiques sont toujours en place, et les accusationsont déjà provoqué l'ire russe. Donald Trump "va avoir du mal à affirmer dès sonentrée à la Maison Blanche que tout ce que les services de renseignements ontdit sur la Russie était des mensonges", explique Eric Lorber, un consultantspécialiste des sanctions internationales à Foundation for Defense ofDemocracies, un centre de reflexion sur les relations internationales, à lachaîne Bloomberg .%u2028%u2028Éviter une politique anti-immigration. L'administrationObama a retiré, le 23 décembre, un ensemble de règles - connu sous lenom de National Security Entry-Exit Registration System (système desécurité nationale d'enregistrement à l'entrée et à la sortie) - qui avaitservi à surveiller les mouvements d'étrangers sur le territoire américain aprèsle 11-Septembre.
Cette décision deBarack Obama, largement passée inaperçue, fait disparaître le principal textesur lequel Donald Trump aurait pu s'appuyer pour mettre en place un éventuelfichier des musulmans, affirme le site Politico. Pendant la campagne, le candidatrépublicain avait, en effet, reconnu qu'il n'était pas opposé à un tel fichage,même si la proposition n'a jamais figuré dans son programme.
Mettre des bâtonscubains dans les roues de Trump. Barack Obama a pris le monde diplomatique parsurprise le 12 janvier en annonçant que les Cubains qui rejoignent illégalementles États-Unis peuvent désormais être renvoyés à Cuba. Il a ainsi mis fin à unrégime d'exception permettant aux Cubains de fuir le régime castriste depuisdes décennies.
C'est l'une desmanifestations les plus concrètes de la politique de détente avec Cuba initiéepar Barack Obama en 2014. C'est aussi l'une des mesures les plus compliquées àgérer pour Donald Trump. Le président élu s'est entouré de plusieursconseillers opposés à la normalisation des relations avec Cuba, mais "il aaussi été très ferme sur la nécessité pour les États-Unis de mieux contrôlerl'immigration", rappelle au site Politico Jason Marczak, directeur d'un centred'études sur l'Amérique latine au Atlantic Council, un cercle de réflexion surles relations internationales.
Le risquepolitique pour Donald Trump est grand s'il veut faire plaisir à ses conseillersen annulant cette décision : apparaître comme beaucoup moins intransigeant surl'immigration que ce qu'il a bien voulu faire croire à ses électeurs. Lesopposants à Donald Trump seront, en effet, prompt à rappeler que le régimed'exception pour Cuba "avait fait naître un horrible trafic où des milliers decubains sans le sou étaient obligés de vendre tous leurs biens à des passeurspour espérer rejoindre les États-Unis", rappelle le New Yorker.
Obama vs Trump ausujet d'Israël. La décision inédite américaine de ne pas bloquer, le 23décembre, l'adoption à l'ONU d'une résolution condamnant les colonisationsisraéliennes dans les territoires palestiniens est autant unesanction contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou qu'une piquecontre Donald Trump.
Le président élua, en effet, soutenu à plusieurs reprises que sa politique allait être"davantage pro-Israël" que celle de Barack Obama. Donald Trump a, notamment,laissé entendre qu'il pourrait décider de déménager l'ambassade américaine deTel Aviv à Jerusalem. Un geste qui serait très mal perçu par les Palestiniens,qui jugent que des négociations sur le statut de la ville sainte doivent fairepartie d'un accord de paix global dans la région. Donald Trump a aussi choisiDavid Friedman, un fervent défenseur des implantations israéliennes enCisjordanie, pour devenir le prochain ambassadeur des États-Unis en Israël.
Barack Obamalaisse aura donc tout fait pour compliquer la tâche à son successeur. Il ne luiresterait plus qu'à rouvrir d'ici le 20 janvier une ambassade américaine àTéhéran pour parachever le tableau.
source : france24.com    |    auteur : Sébastian SEIBT

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