L'Afrique, cadet des soucis de Donald Trump

  • publiè le : 2017-01-24 14:33:26
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L'Afrique, cadet des soucis de Donald Trump

(Photo d'archives pour illustrer l'article)

À peine arrivé àla Maison Blanche, Donald Trump commence à dévoiler les grandes lignes de sapolitique étrangère. Et l'avenir du continent africain semble bien loin de sespriorités, sauf pour y faire du "business" et combattre leterrorisme.
Tout au long de lacampagne qui a précédé son arrivée à la Maison Blanche, vendredi 20 janvier, Donald Trumpn'a presque jamais fait allusion à l'Afrique. Si les États-Unisnégligent traditionnellement le continent dans leur politique extérieure,l'arrivée de Donald Trump, qui a promis que son pays passerait "enpremier", augure d'un intérêt encore plus restreint.
Dans un mémorandumde quatre pages que le New York Times s'est procuré, l'équipe du milliardaire aposé une série de questions au département d'État américain sur les relationsentre l'Afrique et la première puissance mondiale. "La formulation decertaines questions suggère une définition plus restreinte des intérêtsaméricains en Afrique, et une approche (...) à court terme de l'engagement avecles pays africains", relève pour le quotidien new-yorkais la directrice duprogramme africain de l'institut Woodrow Wilson, Monde Muyangwa.
Populaire auprèsde certains dictateurs
"Donald Trumpdevrait être plus isolationniste que son prédécesseur. Il sera assez peu actiflà où les intérêts directs américains ne sont pas menacés. Plusieurs présidentsafricains, au pouvoir depuis longtemps comme Denis Sassou N'Guesso (Congo),José Eduardo Dos Santos (Angola) ou Teodoro Obiang (Guinée équatoriale) seréjouissent et préfèrent le nouveau président à une personnalité plusvolontiers interventionniste comme Barack Obama ou Hillary Clinton",analyse Benjamin Augé, chercheur associé à l'Institut français des relationsinternationales. De nombreux dictateurs africains avaient d'ailleurs saluél'élection de Donald Trump.
L'administrationTrump n'a toujours pas désigné celui ou celle qui succèdera à LindaThomas-Greenfield à la tête du Bureau des affaires africaines du département d'État,mais le spécialiste du continent John Peter Pham est pressenti. Directeur desétudes africaines au think tank Atlantic Council, il pourrait pousser leprésident américain à revoir ses ambitions africaines à la hausse. John PeterPham recommandait en novembre 2016 à la future administrationaméricaine de faire de l'Afrique "une priorité". Il évoque uncontinent hébergeant "certaines des économies mondiales au plus fort tauxde croissance", qui contrastent avec des "défis réels en matièrehumanitaire, de sécurité et de développement", que Donald Trump ne peutignorer dans sa politique étrangère.
Des relationsbasées sur le "business"
Le nouveau visagede la diplomatie américaine, Rex Tillerson, connaît bien une partie del'Afrique en sa qualité d'ex-PDG de la compagnie pétrolière ExxonMobil. Ilentretient, ou a entretenu, des relations avec les chefs d'État de grands paysexportateurs comme le Nigeria, l'Angola, le Tchad ou le Mozambique, et arencontré l'ex-dirigeant libyen Mouammar Kadhafi en 2007. "La plupart dutemps, les secrétaires d'État américains ne sont pas directement spécialistesde l'Afrique. Ce n'est pas le cas de Rex Tillerson qui est très au courant, etce depuis longtemps, du contexte politique et sécuritaire de la dizaine de paysoù Exxon est implanté", explique Benjamin Augé, qui ajoute que "tous(ces pays) sont importants pour la diplomatie américaine."
"Lesinvestissements américains vont s'accroître en Afrique, avec quantité desociétés qui viennent conquérir des marchés avec d'importants moyens",continue le chercheur. Des entreprises comme Exxon continuent d'ailleurslargement d'y prospecter, indépendamment des besoins énergétiques américains.
"Comment lesaffaires américaines entrent-elles en concurrence avec les autres nations enAfrique ? Sommes-nous perdants face aux Chinois ?", interroge le mémo,confirmant la volonté, pour l'administration Trump, d'aller de l'avant dans lesinvestissements sur place en faveur des sociétés américaines.
Lutte contre leterrorisme
C'est sur le plansécuritaire que Donald Trump, qui a déclaré que la lutte contre le"terrorisme islamique radical" serait l'un des axes principaux de sapolitique à l'étranger, compte certainement agir en Afrique. L'armée américainey intervient régulièrement et possède une base permanente à Djibouti. Depuisquelques mois, les États-Unis construisent une importante base aérienne au Niger,afin de pouvoir surveiller les mouvements de jihadistes dans le Sahel et d'yconduire des frappes de drones. Les islamistes, autant que les Shebab deSomalie ou Boko Haram dans le nord du Nigéria, "menacent non seulement lespays où ils sont implantés mais aussi la sécurité des États-Unis et de sesalliés européens", écrit John Peter Pham. D'autant que l'instabilité decertaines régions met en péril les intérêts commerciaux américains, si chers aunouveau président.
Mais l'une desquestions posées par son équipe dans le mémo envoyé au département d'Étatinterroge sur l'orientation de cette lutte : "Nous combattons les Shebabdepuis une décennie, pourquoi n'avons-nous toujours pas gagné ?", peut-onlire, avec des interrogations sur la pertinence de la lutte contre Boko Haramou sur l'existence, aux États-Unis, d'agents africains d'Al-Qaïda.
L'équipe dumilliardaire se questionne aussi sur l'intérêt de la traque par l'arméeaméricaine de Joseph Kony, seigneur de guerre ougandais dirigeant l'Armée derésistance du seigneur (LRA) : "La LRA n'a jamais attaqué les intérêtsaméricains, alors pourquoi nous importe-t-elle ? Mérite-t-elle de tellesdépenses ?"
Une réorganisationdes opérations militaires sur le théâtre africain sous Donald Trump, qui a récemment qualifié l'Otan d'"obsolète" etentend "renforcer les frontières" de son pays, ne serait passurprenante.
L'aide au développement,la grande oubliée ?
Alors que BarackObama entendait soutenir une "croissance durable" du continent etavait lancé en 2013 Power Africa, visant à améliorer l'accès à l'électricité àprès de 60 millions de foyers, Donald Trump semble être plus frileux sur l'aideau développement (1 % du budget fédéral). Pourtant, le New York Timesprécise que les États-Unis n'ont dépensé que 8 milliards de dollars pourl'Afrique sub-saharienne en 2015. "Avec autant de corruption en Afrique,quelle quantité de notre financement est-elle volée ? Pourquoi devrions-nousdépenser ces fonds en Afrique quand nous souffrons, ici, aux États-Unis?", surenchérit le mémo. Le nouveau président américain n'a pas dit autrechose lors de son discours d'intronisation, vendredi : "Nous avons enrichid'autres pays alors que la richesse, la force, la confiance du nôtre s'estdissipée à l'horizon."
source : France 24    |    auteur : Rémi CARLIER

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