Originaire de Dimbokro et de Koun-Fao, en Côte d'Ivoire, l'Ivoirienne Assamoi Rose Lièvre Badou est aujourd'hui députée en Suisse. En exclusivité pour afrikipresse, elle livre son intégration au sein de la confédération helvétique.

Savez-vous que votre histoire fait le buzz sur les réseaux sociaux ?

Oui, on me l'a dit et je reçois des coups de fil de parents et amis d'un peu partout. Je suis certes contente, mais il faut rendre honneur à l'une de mes soeurs qui a posté l'information sur les réseaux sociaux.Vous me donnez d'ailleurs l'occasion de remercier toutes ces personnes qui ont pris de leur temps pour m'adresser ces messages de félicitations aussi bien sur la toile qu'au téléphone.

Dites-nous comment s'est effectuée votre intégration au sein de la Confédération helvétique ?

Lorsque je suis arrivée, j'ai fait une formation dans les soins à domicile et une autre formation de formatrice en entreprise. Après, je me suis inscrite dans des associations et j'ai aussi créé une ONG nommée Salubrité Plus. Cela fait 11 ans que je suis dans le milieu associatif et culturel...C'est-à-dire, le milieu de l'intégration. C'est vrai qu'au départ, ce n'est pas facile. C'est un changement radical. On arrive dans un pays, il fait froid, nos diplômes ne sont pas reconnus ; l'habillement, n'est pas pareil...

Depuis le 5 juin 2016 , vous avez été élue député en Suisse avec le racisme qui est jugé omniprésent dans certaines sociétés en Occident. Commet tout cela est arrivé ?

Vous savez qu'il y a en Suisse 4 langues nationales : l'allemand, l'italien, le romanche et le français dans la région où j'habite. La chance que j'ai eue , en tant qu'Ivoirienne ou Africaine c'est que je parle le français, Cela m'a beaucoup aidée , à m'adapter dans la société. Ce sont toutes ces activités qui, au bout de 11 ans m'ont permis d'être élue aujourd'hui. Parce que les Suisses ont décelé en moi une certaines crédibilité. À partir des actions posées, il y a eu une confiance qui s'est créée entre une partie des populations et moi.

Cela s'est fait par le biais du parti socialiste qui, semble-t-il, vous a copté ?

Oui, mais, il n'y a pas longtemps que j'en suis membre. Je me suis inscrite au sein du parti socialiste l'année passée. Il faut préciser que ce sont les membres du parti qui m'ont demandée si je voulais être sur la liste. Je pense que c'était au vu de mes engagements socioculturels menés sur le terrain. Nous étions 28 candidats et j'ai été 9 ème.

Pouvez-vous nous présenter la circonscription où vous avez été élue député ?

C'est La Chaux-de-fonds à 10 km de la frontière avec la France. Une ville de 40 mille habitants qui est située à l'ouest de la Suisse. Située à 1000 mètres d'altitude. C'est une ville horlogère, le berceau de l'horlogerie suisse. C'est une agréable ville touristique qui possède un musée international de l'horlogerie, une salle de musique, un théâtre et également un petit zoo.

En tant qu'Ivoirienne d'origine, quelle est pour vous la véritable recette pour la réconciliation nationale, en Côte d'Ivoire ?

Que les Ivoiriens et ivoiriennes arrivent à se parler ensemble pour qu'il y ait une franche réconciliation sinon , on ne pourra pas aller de l'avant. Donc en clair, ce que je peux dire, c'est qu'on apprenne à se pardonner nous-mêmes , parce que nul n'est parfait. Chacun a ses qualités et ses défauts. Et ce qui est arrivé à notre pays est tellement grave que si chacun veut camper sur sa position, nul ne pourra s'en sortir. Et personne ne pourra aller de l'avant. Pour moi, il faut donc encourager les gens à adhérer au processus de réconciliation nationale.