Malversations multiples à la Sicogi : la tutelle demande des explications au Pca/Dg qui vend et rachète

  • publiè le : 2016-09-28 02:18:34
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Malversations multiples à la Sicogi : la tutelle demande des explications au Pca/Dg qui vend et rachète

(Photo d'archives pour illustrer l'article)

C'est un nouveau rebondissement dans le dossier concernant la gestion de la Société ivoirienne de construction et de gestion immobilière (Sicogi) , avec le Président du conseil d'administration (Pca) de l'entreprise, Bakayoko Ibrahima , par ailleurs le Directeur général par intérim , en ce moment sur la sellette.


Après un peu plus de 6 mois de gestion en tant qu'intérimaire, à la tête de l'entreprise, sa hiérarchie, notamment, la Direction des Participations et de la Privatisation (DPP), sur instruction du ministère auprès du Premier ministre chargé du Budget et du portefeuille d'État vient de lui infliger une demande d'explication.

«Il a été rapporté dans la presse qu'une opération de retrait de terrains à des clients , suivie de revente au rabais au profit des dirigeants serait en cours au sein de la Sicogi. Cette situation, si elle était avérée, se rajoute à la problématique de la réinsertion du directeur commercial et marketing de la société (William Arhust Adieba limogé pour malversation sur les encaissements clients par une note de service datée du 22 août 2016, et signée du DG suspendu et rappelé aux affaires par le PCA, actuel : Ndlr). Ce qui n'est pas de nature à garantir la bonne gouvernance de cette entreprise publique majeure. Par conséquent, dans le cadre de suivi de la bonne gouvernance des entreprises publiques, vous voudriez bien communiquer à la Direction des Participations et de la privatisation (DPP), sous huitaine, un rapport circonstancié sur cette affaire, ainsi que les procès verbaux des réunions du Conseil d'administration qui se sont tenues depuis le 11 mars 2016 (date de la suspension du DG : Ndlr). Veuillez agréer Monsieur le président, l'expression de ma considération distinguée », indique le courrier daté du 19 septembre 2016, et signé du Sous-directeur de la DPP, Touré.

Ce courrier qui a pour objet : "Gouvernance de la Sicogi'' fait suite à plusieurs griefs qui sont reprochés à la gestion de Bakayoko Brahima.

Selon les informations , la goûte d'eau qui a fait déborder le vase, jusqu'à attiré l'attention de la tutelle est le dossier "sicogi-Comivoire'' ainsi que l'achat, par le PCA, pour son propre compte, d'un terrain de la Sicogi, d'une valeur estimée à environ 135 millions de Francs Cfa, situé à la Riviera, qu'il s'est attribué à 6 000 000 millions de F/CFA.

Une cession d'une parcelle de 1355 m2 située précisément dans le lotissement de la Riviera zone 1 ouest, morcellement du TF 28912 que le "PCA/DG'' (le cachet faisant foi) s'est attribué au regard de "La note mémoire N°046/2016'' du 2 août 2016, signé de ses propres mains.

L'autre gros dossier qui a également attiré les soupçons de la DPP est la tournure que prend le traitement du litige qui oppose la Sicogi à Comivoire (Commerce en Côte d'Ivoire), société spécialisée dans la vente de terrains nus.

L'affaire prend sa source en 2013. Cette année là, la Sicogi acquiert un terrain avec la société en question pour une somme de 600 millions de Francs Cfa, payés par chèque Ecobank à la signature de l'acte notarié de vente pour mettre en oeuvre le projet Azito de Yopougon, de 1250 logements dans le cadre du programme présidentiel de 60 000 logements. Les droits d'enregistrement ont été régulièrement payés, y compris la plus-value à la charge du vendeur. L'acte notarié, comme il est de droit en matière de vente immobilière, dressé par Me Niamien atteste cette transaction. La vente est conclue ferme au prix de 600 000 000 F/CFA non révisable pour quelque motif que ce soit.

Quelques mois plus tard, l'ex conseiller financier , Magassa Ibrahima, introduit une requête de Comivoire réclamant un reliquat à la Sicogi alors que la vente est conclue ferme à un prix non révisable pour quelque motif que ce soit.

Le Directeur général Loukimane Camara lui oppose une fin de non recevoir, en lui rappelant les clauses du contrat de vente.

Entre temps, l'affaire qui est portée devant les Tribunaux fait grand bruit. Le DG de la Sicogi devenu visiblement gênant dans l'affaire, est mis de côté, sur proposition du PCA.

Sa gestion taxée de "scabreuse'' est alors scrutée à la loupe par deux cabinets d'audit : l'Inspection générale de l'Etat, envoyée par la Présidence de la République et le KPMG, dépêché par le Ministère du Budget.

Les résultats toujours sous scellés, ne donneront rien, selon les syndicats !

Devenu DG par intérim, Bakayoko Ibrahim se donne toute la latitude de rembourser les dettes de Comivoire , pourtant contestées par l'ex Directeur général.

Il décaissera, en trois tranches, la somme totale de 519 397 610 F/CFA, pour une dette initialement estimée à 497 millions, soit plus de 22 millions de plus.

Puis, chose curieuse, au cours de la même transaction, Maître Samelé Bitty Jules, huissier de justice a reçu le 23 mai 2016, un chèque d'une valeur de 30 millions de Francs Cfa.

Pourquoi ces décaissements, alors que la Sicogi a du mal pour boucler ses fins de mois ?

Sans oublier les chantiers à l'arrêt et les salaires menacés, selon les syndicats.

Nul ne le saura, y compris les membres du Conseil d'administration, comme en témoigne les propos de l'un d'eux, notamment, Sauhi Raymond, joint le mardi 27 septembre 2016 par téléphone : «Nous avons une réunion aujourd'hui même (mardi 27 septembre 2016 : Ndlr). C'est dans les journaux qu'on se rend qu'il y a des terrains qui ont été achetés et des décaissements qui ont été faits, bref ! Il y a beaucoup de choses qui ne sont pas connues par les membres du Conseil d'administration. (...) Ce sera une réunion technique qui va concerner le problème de terrain et autre. Le président lui-même sait que pour vendre un mètre carré de terrain, il faut l'avis du conseil d'administration (...). Nous allons l'écouter. Là, il a la double casquette : celle de Directeur général par intérim et Président du Conseil d'administration. Mais moi, en tant qu'administrateur, j'ai le droit de regard sur ce que fait la direction générale. C'est là où j'ai le pouvoir de lui dire que ceci ou cela n'est pas bon ».

Joint par téléphone, ce même 26 septembre 2016, afin d'en savoir davantage sur ce "juteux'' cadeaux, l'huissier de Justice ne semblait pas très coopératif : «Pourquoi voulez-vous savoir cette information ? Je ne sais pas pourquoi vous demandez à savoir cela? Demandez à Comivoire. Je n'ai pas reçu de chèque, ok !».

Devant notre insistance, en révélant au passage détenir une copie du chèque délivré à son nom, l'homme finit par craquer : « Ce n'est pas un détournement d'argent. Et je ne travaille pas au compte des journalistes! » , avant d'interrompre brusquement la conversation.

Le Directeur financier et comptable (DFC) de la Sicogi, Bony N'guessan Lazare, également joint dans le cadre de cette enquête a rejeté toutes responsabilités quant aux différents décaissements pour le compte de la société Comivoire : « Je ne peux pas vous répondre, surtout pour ce genre de question. Adressez-vous à la direction générale ou à la direction juridique qui sauront vous répondre ».

À la question de savoir les raisons du paiement de la somme de 30 000 000 de F/CFA à Me Samelé Bitty Jules, le DFC s'est encore réfugié derrière les instructions, en nous ramenant au Directeur des affaires juridiques ou au DG par intérim.

Si le Directeur général par intérim, par ailleurs PCA est resté injoignable durant cette enquête malgré nos incessants appels, son directeur des Affaires juridiques, Camara Aby Wakasse, a eu la réaction suivante, devant la tournure que prennent les choses : «J'ai du mal à vous répondre. C'est le payeur qui vous a ramené vers moi. Je ne sais pas pourquoi ? Bonni est le Directeur financier, c'est lui qui paye. C'est lui qui peut dire combien il a payé exactement, à qui il a payé et pourquoi ? (...) Maintenant en ce qui concerne le chèque de 30 millions remis à l'huissier, là, je ne suis pas informé».

Cette affaire vient en rajouter à la situation financière désastreuse de la Sicogi et aux problèmes de gouvernance depuis le 11 mars 2016. La demande d'explication par courrier référencé 0909/MPMBPE/DPP/TD, du 19 septembre 2016, de la DPP, au DG par intérim sonne comme une prise de conscience des autorités de tutelle de la décision de suspension de la direction générale ?

Quelles leçons la Présidence du conseil d'administration et la direction générale a-t-elle tiré de l'affaire SICOGI/ FPM ? , se demande-t-on aujourd'hui au sein de la société, de la DPP et même dans les sphères de prise de décisions.

source : L'Intelligent d'Abidjan    |    auteur : Claude Dassé

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