RHDP, Alternance 2020, 3ème mandat de Ouattara, Gnamien Konan sans détour : «Il faut arrêter tous les autres si ce n'est pas possible de libérer les prisonniers de la crise post-électorale »

  • publiè le : 2018-04-30 06:32:53
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RHDP, Alternance 2020, 3ème mandat de Ouattara, Gnamien Konan sans détour : «Il faut arrêter tous les autres si ce n'est pas possible de libérer les prisonniers de la crise post-électorale »
« Je vais demander une audience bientôt à Bédié »
« Billon, Soro et moi.... »

Gnamien Konan a donné toutes les raisons qui l'ont fait partir de l'Upci pour créer L@ Nouvelle Côte d'Ivoire

Il se prépare pour les élections présidentielles de 2020. Sera-t-il ou non candidat ? Gnamien Konan ne s'en cache plus. Ce samedi 28 avril 2018, il lance un mouvement dans la foulée. "La Nouvelle Côte d'Ivoire'', sa nouvelle trouvaille, pour aller parler et mobiliser les Ivoiriens. Dans cet entretien, l'ancien directeur général des Douanes, ex-ministre et actuel député de Botro, y va sans détour sur toutes les questions se rapportant à l'actualité politique en Côte d'Ivoire.

Monsieur le Ministre, Vous avez effectué ces dernières semaines des sorties sous le sceau d'un mouvement dénommé ''La Nouvelle Côte d'Ivoire'', dont vous êtes annoncé comme président. De quoi s'agit-il ? De votre nouveau parti politique ?

J'ai annoncé depuis longtemps que je créais un mouvement politique. Eh bien, depuis le 27 février, c'est fait. C'est la Nouvelle Côte d'Ivoire.

Qu'est-ce qui explique que vous soyez parti de l'Upci, que vous aviez créé, pour vous retrouver fondateur d'un autre mouvement ? Qu'est-ce qui n'a pas marché à l'Upci ?

Je suis parti pour trois raisons. Premièrement, mon rêve a toujours été de créer un grand mouvement populaire avec toutes les forces de changement. Car, si nous voulons continuer d'exister, il nous faut opérer une véritable rupture, un changement de paradigme. Je m'apprêtais à proposer ce changement à mes compagnons quand j'ai appris que certains avaient reçu des promesses de postes et de l'argent pour déstabiliser le parti. Ces gens me disaient : "nous on veut rester dans le Rhdp. Notre seule ambition, c'est d'avoir un groupe parlementaire''. Or le motif officiel de la sortie du ministre Mabri et moi du gouvernement, c'est d'avoir voulu un groupe parlementaire pour nos partis. Ainsi, pour moi , le message était clair. Si vous voulez que votre parti grandisse, il faut partir du Rhdp. Je ne pourrai jamais cohabiter avec des gens qui font la politique pour des postes. Je suis trop vieux pour ça. Quand, en 2008, je me suis engagé en politique, j'étais un directeur général des Douanes apprécié par son président. C'est la deuxième raison. La troisième raison est que je ne voulais pas offrir le spectacle du président contesté par ses propres partisans à ces gens. Ils font ça à tous ceux qui ne sont pas d'accord avec eux. La liste de leurs victimes est longue et connue de tous. C'est ça la démocratie à la sauce Rhdp.

Ce départ de l'Upci ne fragilise-t-il pas votre leadership ?

C'est mon libre choix. Ça ne m'a jamais réussi de faire des compromis avec ma conscience. Ils étaient excités comme si on leur avait promis le paradis et soixante-douze vierges chacun. J'espère qu'ils auront au moins les postes à eux promis. Dans le cas contraire, ils reviendront me trouver avec les fidèles à La Nouvelle Côte d'Ivoire.

Interrogé sur la question, l'actuel président de l'Upci estime que vous restez militant de cette formation politique dont vous n'auriez démissionné que de la présidence. Êtes-vous encore en phase avec ce parti membre du Rhdp?

Il est libre de dire tout ce qu'il veut. De même, un jour ou une nuit, il pourra même dire que je n'ai jamais démissionné de la présidence de l'Upci.

Qu'est-ce qui explique la naissance de La Nouvelle Côte d'Ivoire ?

Le but de la Nouvelle Côte d'Ivoire est de rattraper la Corée du Sud d'ici 30 ans et le Japon d'ici 50 ans. Ce n'est pas négociable.

Pourquoi la dénomination ''La Nouvelle Côte d'Ivoire'' ?

Parce que nous ne pouvons pas faire l'économie du sacrifice de la rupture.

On vous sait très virulent, ces derniers temps, envers le Rhdp, dont vous aviez été l'un des leaders avant votre limogeage du gouvernement. Pourquoi avoir attendu d'être dehors pour critiquer ?

Parce qu'on ne critique pas à l'extérieur quand on est à l'intérieur. Ça peut donner l'impression à ceux qui sont à l'extérieur qu'à l'intérieur on est tous d'accord avec tout. Au gouvernement, ma priorité n'était pas de critiquer mais de faire au mieux le travail qu'on m'avait confié. Vous imaginez ça ? Un président de parti qui devient " bôbô'' (muet ; Ndlr) parce qu'il a séjourné au gouvernement. C'est qu'il espère y retourner. Mais moi, non. Même pas ambassadeur. Et puis virulent? C'est vous qui mettez les titres : "Gnamien Konan, tout feu, tout flamme'' ou "Gnamien Konan explose'' ou encore "Gnamien Konan déshabille un tel''. Vous aimez que les gens se battent non ?

Certains estiment que vous êtes aussi comptable de la gestion du pouvoir actuel. Qu'en dites-vous ?



Oui ! Macron est comptable de la gestion de Hollande. Ça fait quoi ? Le Rdr et le Fpi sont comptables de la gestion de Guéi. Le Rdr et le Pdci sont comptables de la gestion de Gbagbo. Ensemble ou seul, chacun est comptable de ce qu'il a fait. Chacun sera jugé pour ses actes et non pour autrui. En attendant, en politique, la mauvaise foi ne voit jamais le bien, occupée qu'elle est à inventer le mal et la paille dans l'oeil du voisin.

Que pense Gnamien Konan de la réconciliation après la crise post-électorale ?

Il n'y a pas d'alternative à la réconciliation, pour ceux qui n'ont et qui n'aiment que ce pays. Il n'y a pas d'alternative à la réconciliation pour ceux dont les enfants n'auront pas d'autres choix que de vivre en Côte d'Ivoire.

D'aucuns estiment que cette réconciliation passe nécessairement par la libération de Laurent Gbagbo et de Blé Goudé de la Haye. Est-ce votre avis ?

Oui, par la libération de tous les prisonniers liés à la crise politique de 1999 à 2018. Maintenant si ce n'est pas possible, alors il faut arrêter tous les autres.

Que dites-vous de ceux qui proposent que le pouvoir ivoirien fasse adopter une loi d'amnistie pour absoudre les prisonniers de la crise post-électorale et booster la réconciliation ?



Quelle amnistie ? Ce dossier est politique. Tout le monde doit demander pardon à tout le monde. Donc il faut libérer les gens, un point un trait.

Gnamien Konan candidat à la présidentielle 2020 ! Le confirmez-vous ?

C'est trop tôt pour dire NON.

Votre ex-formation, l'Upci ,s'est alignée dans le Rhdp qui envisage une unification pour endosser une candidature unique en 2020. Cela ne vous handicape-t-il pas ?



Je ne le pense pas. Je prie pour que tous les astres s'alignent pour moi. Alors, tout ce que Dieu fait est bon.

Que mettez-vous dans votre candidature pour convaincre les Ivoiriens ?



Une école et une formation d'excellence adaptées en priorité à nos besoins de développement et un emploi correctement rémunéré pour chacun, grâce aux ressources libérées par la corruption et la fraude. Et je parle de 2000 milliards de ressources propres en plus par an.

On parle d'une probable candidature pour un 3ème mandat du président Ouattara, qui laisse planer le doute. Qu'en pensez-vous ?



C'est le spectre d'un résultat contestable et contesté.

Qu'en est-il de l'alternance réclamée par Henri Konan Bédié et le Pdci-Rda ?



C'est leur agrobusiness.

Le débat politique semble se polariser depuis un certain temps sur deux clans : le Rdr et le Pdci. Que dites-vous de la ligne de ces deux formations qui donnent l'air de vouloir écarter tout le monde sur la piste de danse ?

Il serait plus juste et plus simple que chacun puisse défendre son bilan, son projet et son candidat. Mais, eux, ils préfèrent les manipulations génétiques.

Vous sembliez bien vous entendre avec le président Bédié, qu'à l'époque vous visitiez en tant que ministre. Où en est-on avec cette bonne entente ?

J'attendais une invitation, mais comme ça tarde, je vais demander une audience bientôt pour aller prendre de ses nouvelles. C'est notre doyen à tous et nous lui devons un respect filial.

Une nouvelle classe s'active avec les Guillaume Soro et autres Jean-Louis Billon, qui veulent le pouvoir. Ne craignez-vous pas ces jeunes loups aux dents longues ?

Est-ce que Bedié, Ouattara et Gbagbo me craignent ? Chacun doit pouvoir se présenter devant les Ivoiriens avec ses atouts.

La Nouvelle Côte d'Ivoire effectue sa sortie officielle ce samedi 28 avril 2018. Et après, à quoi devrait-on s'attendre de Gnamien Konan et son nouveau mouvement ?

A m'entendre chanter l'Abidjanaise et la rupture jusqu'à ce qu'ils ramènent notre argent qu'ils ont planqué à l'étranger.

Comment expliquer cette coïncidence de votre sortie ce samedi 28 avec le congrès extraordinaire de l'Upci qui se prépare à rentrer dans le parti unifié ?

Nous nous sommes rendu compte de cette coïncidence longtemps après avoir choisi notre date. Mais, comme nous n'avons pas les mêmes militants, nous n'y avons trouvé aucun inconvénient.

Vous avez été directeur général des Douanes de Côte d'Ivoire. Comment expliquez-vous que 2000 véhicules puissent sortir du Port autonome d'Abidjan sans dédouanement ?

Ça veut dire qu'on est revenu au cafouillage du Guichet unique. J'ai demandé à tous les ministres du Transport que j'ai connus de faire l'audit de ce machin. De toutes les façons, en mon temps, avec un téléphone portable basique, on pouvait connaître le statut douanier d'un véhicule. J'aurais demandé à tous les véhicules non ou mal dédouanés de revenir. Sinon en cas de saisie, le véhicule serait vendu aux enchères.

Sur les réseaux sociaux, notamment votre page facebook, où vous communiquez beaucoup, vous proposez un accord avec le président Ouattara pour la gestion des Impôts et du Trésor. A quoi rime ce deal ?

Ça me fatigue de voir la Côte d'Ivoire laisser son argent aux fraudeurs et parcourir le monde pour s'endetter.


source : L'Inter    |    auteur : Entretien réalisé par Félix D.BONY

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