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Dekiss (SurChoc) : « La Côte-d'Ivoire a besoin de vrais ministres de la culture »

publiè le : 2013-04-05 00:22:00
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IVZ : Bonjour Dekiss

Dekiss : Bonjour Linda et merci pour le combat pour la promotion de l'art ivoirien

IVZ : Alors Dekiss, on part un peu en arrière. Tu fais partir du groupe Surchoc. Le groupe a été créé en quelle année exactement et vous étiez au nombre de combien au départ?

Dekiss : Le groupe a été créé en 1987 au collège moderne Autoroute de Treichville par Appolos Diaby. Nous étions une troupe artistique d'ambiance woyo (ambiance facile) composée de 32 personnes dont 5 filles.

IVZ : Et finalement vous êtes restés au nombre de 4. C'est-à-dire toi même, Henry Jacques, privat et paix à son âme Gooré Serges. Mais apparemment après cette grande perte, vous n'avez pu remonter la pente !?

Dekiss : C'est vrai qu'on avait perdu le moral car 20 ans d'amitié, c'était beaucoup et la mort est venue tout gâcher .Elle venait de nous frapper encore. Après Anicet, Bass et Larissa, c'était Gooré Sergent (Serges) notre lead. Mais les fans ont réussi à nous moraliser et à nous demander de ne pas abandonner pour le repos en paix de Serges .Donc c'est ainsi qu'on a pu remonter la pente. Merci à tous nos fans.

IVZ : Le groupe SurChoc a combien d album en tout aujourd'hui ?

Dekiss : A ce jour, nous avons 10 albums dont le dernier est "on est là pour danser ". Il est sorti il y a 2 ans. L'enregistrement s'est fait à Abidjan avec les arrangeurs Olivier Blé, Koudou Athanase et Freddy pour les 15 autres titres. Le titre "on est là pour danser » a été fait à Paris par l'arrangeur Akerahim des Yang Système. La production a été faite par Dry Romaric, Surchoc et les éditeurs étaient Eric Siar et Claudy Siar.

IVZ : Pourquoi avez-vous avez décidé de vous installer en Europe ? Ne pensez-vous pas que vous manquez à vos fans en Côte-d'Ivoire?

Dekiss : Si, on le sait. Et eux aussi, ils nous manquent énormément. Mais il le fallait .Depuis longtemps, nous avons eu plusieurs propositions pour venir jouer en France. On a décliné ces offres à cause de nos fans. Mais après le décès de Serges, il fallait partir pour fuir l'ombre noir qui planait sur nous et le regard de pitié des fans. On n'en pouvait plus et Serge nous manquait. Et aussi en Côte-d'Ivoire, l'artiste n'est pas respecté par les autorités .Il n'y a aucun soutien de leur part .L'art ne compte pas à leurs yeux .C'est leur dernière préoccupation. Ils n'ont jamais rien fait de concret et ils ne feront jamais rien pour l'évolution des artistes

IVZ : A ton avis, que faut-il faire pour changer cette mentalité de négligence vis-à-vis des artistes?

Dekiss : Il faut de vrais ministres de la culture. C'est-à-dire ceux qui aiment l'art, la culture et les artistes car c'est la culture qui fait les peuples. Les grandes puissances évoluent grâce à leur culture (les USA par exemple). Il faut des ministres qui écoutent et rencontrent régulièrement les artistes sinon ce n'est pas la peine de les nommer. C'est comme si on mettait un menuisier à la place d'un pilote d'avion ou un maçon à la place d'un infirmier.

IVZ : La transition est toute trouvée pour parler de la lutte contre la piraterie, comment doit-on s'y prendre ?

Dekiss : La Côte-d'Ivoire doit valoriser l'art. En Côte-d'Ivoire, il n'y a pas de droits d'auteurs. Les télévisions et les radios ne payent pas. La copie privée est confisquée. Alors comment on veut qu'un artiste vive de son art ? Et quand tu parles, on dit que « tu parles mal ». Tout le monde est devenu pirate et l'Etat ne dit rien. Enfin l'Etat même se cherche.(Rires)

IVZ : Je sens que tu es très en colère Dekiss. Alors j'aurai appris que tu es le président des artistes en France. Peux-tu nous en dire un peu plus. Je pense notamment au Modaire. C'est bien cela ?

Dekiss : C'est une colère saine. Et je sais que cela leur glissera sur la peau mais c'est mon combat et celui du MODAIRE. On le fera contre toute autorité de Côte-d'Ivoire qui ne prendra pas notre art avec sérieux. Notre parti, c'est l'art. Rien que l'art. La vrai unité ce trouve dans l'art.

IVZ : on revient à ma question précédente...

Dekiss : Oui le MODAIRE est le Mouvement Des Artistes Ivoiriens Résidents en Europe. Il a été créé en 2006 à Paris. L'objet est de valoriser la culture ivoirienne en Europe, permettre un échange entre l'Europe et l'Afrique, la Côte-d'Ivoire et la France à travers les festivals, soirées, séminaires, ateliers, etc... Mais surtout apporter une aide à l'artiste ivoirien. Notre rôle est de répertorier tous les artistes ivoiriens qui vivent en Europe, savoir ce qu'ils deviennent et ce qu'on peut faire ensemble. Le siège du MODAIRE est au 25 Rues Lantiez 75017 Paris Mda.

IVZ : Depuis septembre 2012, vous bougez beaucoup pour des concerts et vous avez un spectacle en vue pour le mois d avril. Peux tu nous en dire un peu plus sur les événements passés et à venir?

Dekiss : Déjà comme d'habitude, Surchoc n'a jamais déçu les fans sur scènes et dans les spectacles. On ne le fera jamais d'ailleurs. Après 24 ans de carrière, on reste toujours les mêmes. Raison pour laquelle les gens n'arrêtent pas de nous inviter pour la beauté de nos shows. Le public est tout le temps satisfait. Même quand on tousse. (Rires). Nous avons 2 spectacles le 13 avril à Paris à 23h et à 3h du matin à Cergy. Pour la première manifestation, il y aura à l'affiche Le Magnific, Soum Bill, Didier Bilé, Surchoc et pour la seconde, nous jouons avec des artistes RnB français.

IVZ : J'aurais appris que vous avez mis en place un système pour le Zouglou. Peux-tu nous donner des détails à ce sujet ?

Dekiss : Oui c'est toujours pour la continuité et la promotion du Zouglou que j'ai créé un orchestre zouglou, donc le 3è à Paris après les « Zouglou makers » de Bedel Major devenu Riguys Start et celui de Manoo Lélé appelé « tchiffys ». Mon orchestre "le Zouglou feeling "a été créé le 05 décembre 2012 à Paris. Il est composé de Billy Syncop de Woya (chef d'orchestre), Bordas ex-bassiste de Kiyi Mbock, Jean Noel, ex-soliste de Mewlessel, Oupo, ex- percussionniste de Kiyi Mbock, Noe Cynthe de choeur céleste, Digbeu du Far, Bobby Yodé, potes de la rue, Maga Dindin ,et Dekiss de Surchoc. Nous jouons les dimanches après midi de 15h à 00H dans mon Zouglou à Metro 13 mairie de clichy. C'est à l'avenue Zouglou VIP, rue Choco Alloco party

IVZ : Avez-vous d'autres projets avec le groupe Sur Choc?

Dekiss : Toujours car l'homme est lui même projet. Et chez les Surchoc, lorsqu'une 605 est sur le marché, c'est que la 706 est déjà prête (Rires). On prépare notre 11ème album.

IVZ : De quoi parlerez-vous dans ce 11eme album ?

Dekiss : De l'amour, la paix, la famine, la crise, la vie chère, des hommages aux éléphants, la solidarité, et...

IVZ : On attend cet album avec impatience. Ca sera que du zouglou ou un petit mélange ?

Dekiss : Toujours du zouglou.

IVZ : Est-ce que le groupe Surchoc retourne souvent en Côte-d'Ivoire?

Dekiss : Oui le dernier voyage remonte au 20 juin 2012 lors des Zougloudays .On prépare un autre retour s'il plait à DIEU.

IVZ : un dernier mot Dekiss ?

Dekiss : Je pense tout d'abord à Ali Capy, ex-membre du groupe Surchoc (paix à son âme). Gros bisou et grand merci aux fans des Surchoc car sans eux, nous ne sommes rien. Merci au zouglou qui est la musique par excellence, l'identité culturelle de la belle Côte-d'Ivoire. Mille mercis à ce rythme qui fait de nous ce que nous sommes. Merci à tous ceux qui font la promo du zouglou : Angelo Kabila, Aimé Zébié, Momo de Paris, Ephrem Youkpo, Carino Drogba, Eric Leblé, Pacôme Gnadré, Eric Saky, Eric Faye, Cheick Diaby et bien d'autres. Merci au MODAIRE et à l'association Surchoc Inter à Abidjan. Dis leur que Jakou de Surchoc se marie en juillet à Paris. Tu es invitée en tout cas Linda. Et grand merci à toi pour ton soutien à l'art.

Entretien réalisé à Paris par Linda Niangoran

ivoirezouglou.net