La Côte d'Ivoire, confrontée à une explosion de sa dette publique, voit ses ressources budgétaires asphyxiées par les remboursements, réduisant sa capacité d'investissement et menaçant son développement économique à long terme.
La Côte d'Ivoire, locomotive économique de l'Afrique de l'Ouest, fait face à une explosion de sa dette publique qui menace de la plonger dans un cercle vicieux. Le pays, tout en étant salué pour ses performances économiques et sa résilience face aux crises globales, voit désormais une part croissante de ses ressources budgétaires allouée au remboursement de la dette.
En 2024, la Côte d'Ivoire devra consacrer près de 4 036,9 milliards FCFA au service de sa dette, soit environ 52 % de ses ressources budgétaires propres, selon les dernières données disponibles. Ce montant, colossal par rapport aux recettes générées, reflète l'ampleur du fardeau que représente cette dette pour l'économie ivoirienne.
Des obligations colossales d'ici 2026
Plutôt que de financer des projets d'infrastructure, de renforcer les secteurs clés comme la santé ou l'éducation, le pays se voit contraint d'allouer des fonds à des créanciers internationaux, réduisant ainsi sa capacité à investir dans son propre développement.
L'impact de cette dette est particulièrement préoccupant lorsqu'on considère les montants énormes que la Côte d'Ivoire doit consacrer au service de sa dette intérieure entre 2024 et 2026. Selon les données disponibles, le gouvernement ivoirien devra débourser pas moins de 11,7 milliards de dollars pour cette période.
Ces engagements massifs réduisent d'autant plus les marges de manoeuvre du gouvernement
Converti en FCFA, ce montant équivaut à environ 7 427 milliards FCFA, représentant environ 60,6 % du service global de la dette du pays, estimé à 19,7 milliards de dollars (environ 12 920 milliards FCFA) pour cette période.
Ces sommes faramineuses concernent l'ensemble des prêts contractés par l'État auprès des créanciers locaux, sous forme d'emprunts ou d'obligations diverses. À la fin de l'année 2023, la dette ivoirienne culminait à 46,2 milliards de dollars, soit environ 30 420 milliards FCFA, représentant 58,1 % du produit intérieur brut (PIB), une statistique alarmante dans un contexte économique incertain.
Un cercle vicieux de dette
La majeure partie de la dette du pays, soit 61,8 %, est composée de dette extérieure, atteignant 28,5 milliards de dollars (environ 18 725 milliards FCFA). La Banque mondiale, avec 3,9 milliards de dollars (environ 2 556 milliards FCFA), et le FMI, avec 2,8 milliards de dollars (environ 1 824 milliards FCFA), figurent parmi les principaux créanciers. D'autres acteurs influents comme la Banque africaine de développement et la France, via l'État et la Société Générale, sont également des créanciers majeurs.
Malgré cette prépondérance de la dette extérieure, c'est pourtant la dette intérieure qui représente le principal fardeau financier du pays, en accaparant une part significative des recettes budgétaires pour son remboursement. Ces engagements massifs réduisent d'autant plus les marges de manoeuvre du gouvernement dans des secteurs clés, essentiels pour assurer une croissance durable et inclusive.
Fin avril 2024, alors que le taux d'endettement de la Côte d'Ivoire estimé à 58,1% à fin 2023 était au coeur des débats, la Ministre de l'Économie, du Plan et du Développement, Nialé Kaba, a indiqué que le pays est encore en mesure de faire face à ses obligations financières sans risque immédiat de crise.
Toutefois, les experts estiment que le poids croissant de la dette intérieure pourrait à terme peser lourdement sur les finances publiques, d'autant plus que les taux d'intérêts mondiaux continuent de grimper, augmentant le coût des futurs emprunts.
source : linfodrome.com