Tabaski 2025 : Face à l'interdiction nigérienne, la Côte d'Ivoire active son plan B avec le Ghana

  • publiè le : 2025-05-12 09:45:40
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Tabaski 2025 : Face à l'interdiction nigérienne, la Côte d'Ivoire active son plan B avec le Ghana
À l'approche de la Tabaski 2025, une décision inattendue est venue jeter une ombre sur les préparatifs de cette fête religieuse majeure en Côte d'Ivoire. Le vendredi 9 mai, les autorités du Niger ont annoncé l'interdiction, jusqu'à nouvel ordre, de l'exportation de bétail. Une mesure aux conséquences potentiellement lourdes pour le marché ivoirien, fortement dépendant des cheptels sahéliens.

Chaque année, la fête de la Tabaski marquée par l'abattage rituel de moutons et de boeufs génère une demande exceptionnelle. Pour l'édition 2025, les besoins sont estimés à 160 000 moutons et 80 000 boeufs. Or, avec une production nationale couvrant à peine 44 % de la consommation de viande et d'abats, la Côte d'Ivoire importe massivement du bétail du Burkina Faso, du Mali et du Niger.

Face à cette dépendance structurelle, le gouvernement ivoirien n'a pas attendu la crise pour réagir. Dès 2022, il a mis en place le Groupe de Travail du Suivi de l'Approvisionnement du Marché (GTSAM), un dispositif de veille stratégique qui réunit les acteurs de la filière élevage. Son rôle : anticiper les ruptures, fluidifier les circuits logistiques et sécuriser l'approvisionnement.

Grâce au GTSAM, plusieurs avancées ont été enregistrées : réduction des tracasseries routières, renforcement des contrôles sanitaires, sécurisation des sites de vente. Ces mesures ont permis de renforcer la résilience du marché, tout en préparant le terrain à une diversification des sources d'approvisionnement.

Accord inédit avec le Ghana
La riposte ivoirienne a pris une tournure diplomatique. Le même jour que l'annonce nigérienne, un accord a été signé à Noé, à la frontière sud-est du pays, entre l'Organisation internationale agricole (OIA), représentant les intérêts des éleveurs ivoiriens, et l'Association nationale des éleveurs et commerçants de bétail du Ghana.

Cet accord, salué comme une avancée majeure, vise à contourner le blocage sahélien en renforçant la coopération avec le Ghana. « C'est une alternative crédible et durable pour sécuriser notre approvisionnement », a affirmé Issiaka Sawadogo, président de l'OIA. L'initiative s'inscrit dans la dynamique impulsée par le Premier ministre Robert Beugré Mambé, qui fait de la modernisation de la filière élevage une priorité nationale.

De son côté, le Ghana, par la voix de son représentant Aladji Moro Akakadé, s'est engagé à jouer pleinement son rôle de fournisseur stratégique. L'accord prévoit aussi la traçabilité du bétail, la sécurité des transactions et une simplification des procédures douanières, gages d'un partenariat efficace.

Enjeux économiques et souveraineté alimentaire
En 2024, la Côte d'Ivoire a importé près de 195 000 tonnes de viande, pour une valeur de 167,7 millions de dollars. L'interdiction nigérienne met en lumière une vérité dérangeante : la vulnérabilité du pays face aux soubresauts géopolitiques et commerciaux de la région.

Pour préserver le pouvoir d'achat des ménages et éviter une flambée des prix, les autorités doivent non seulement sécuriser les importations, mais aussi accélérer le développement de la production locale. Cela implique des investissements dans l'élevage, la création d'infrastructures adaptées et un meilleur encadrement des éleveurs.

À quelques semaines de la fête, l'horizon reste incertain, mais les autorités multiplient les initiatives pour assurer un ravitaillement satisfaisant. Si le défi est de taille, la volonté politique est manifeste : garantir la paix sociale autour du mouton, symbole de partage et de foi. La Tabaski 2025 se tiendra donc dans un climat tendu, mais avec un cap clair : bâtir une souveraineté alimentaire plus solide et résiliente.

Afriksoir
source : afriksoir.net

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