Pour réduire sa dépendance énergétique envers des pays comme la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso mise sur une révolution énergétique d'ici 2030, avec un plan ambitieux combinant solaire, nucléaire et thermique, tout en renforçant son infrastructure nationale.
Le "Pays des Hommes intègres" a dévoilé un plan ambitieux pour réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de ses voisins, en particulier la Côte d'Ivoire. L'objectif est clair : quintupler la production d'énergie d'ici 2030. Cette montée en puissance s'inscrit dans une stratégie plus large de diversification des sources d'énergie, incluant également le développement de centrales thermiques et nucléaires.
Une dépendance coûteuse à la Côte d'Ivoire
Présentement, le secteur énergétique burkinabé repose lourdement sur des importations d'électricité, qui représentent 68 % de l'approvisionnement national. La Côte d'Ivoire figure parmi les principaux fournisseurs, avec des exportations estimées à 41,9 millions de dollars en 2022.
Ces importations s'ajoutent à celles en provenance du Togo (98,5 millions de dollars) et du Ghana (25,3 millions de dollars), portant le coût total à 166 millions de dollars. Une dépendance qui a des répercussions directes sur le développement économique et social du Burkina Faso.
Le point d'orgue de cette stratégie est cependant la construction d'une centrale nucléaire...
Selon la Banque africaine de développement, seulement 22,6 % de la population avait accès à l'électricité en 2020, une situation aggravée par une demande croissante, estimée entre 10 % et 15 % par an par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
La Société nationale d'électricité du Burkina (Sonabel) estime que la capacité nationale de production, actuellement de 714,4 mégawatts, devra doubler pour répondre aux besoins croissants de la population et de l'industrie.
Le plan du gouvernement : diversification et ambition
Pour répondre à ces défis, le Premier ministre Rimtalba J.E. Ouédraogo a présenté devant les députés le 27 décembre un programme ambitieux dans lequel l'énergie solaire occupe une bonne place. "Nous prévoyons d'augmenter notre capacité solaire à 1 043 mégawatts-crête d'ici 2030, contre seulement 225,8 mégawatts actuellement", a-t-il déclaré.
Ce choix s'explique par le potentiel solaire exceptionnel du pays, situé dans une région bénéficiant d'un fort ensoleillement tout au long de l'année. Les autorités comptent développer plusieurs centrales solaires à grande échelle et renforcer les lignes de transport électrique pour acheminer cette énergie vers les zones rurales, où le taux d'accès à l'électricité reste dramatiquement bas.
En complément, le gouvernement prévoit de développer une capacité thermique à gaz cumulée de 600 mégawatts et de construire des centrales thermiques totalisant 252 mégawatts. Ces infrastructures viendront renforcer les capacités existantes et offrir plus de stabilité au réseau national.
Une centrale nucléaire en projet
Le point d'orgue de cette stratégie est cependant la construction d'une centrale nucléaire, en partenariat avec la société russe Rosatom. Cette initiative marque un tournant stratégique dans les relations internationales du Burkina Faso, qui s'éloigne de ses anciens alliés occidentaux pour renforcer sa coopération avec la Russie. En juin dernier, les deux pays ont signé plusieurs accords de partenariat, incluant la formation d'étudiants burkinabés en gestion d'installations nucléaires en Russie. Cette initiative devrait permettre au Burkina Faso de réduire considérablement sa dépendance énergétique tout en stimulant son industrialisation.
Outre ces grands projets, le gouvernement prévoit des mesures d'urgence, notamment la réparation et la maintenance des infrastructures existantes. Des efforts seront également consacrés au renforcement des postes de transformation et des lignes de transport d'électricité, essentiels pour acheminer l'énergie produite vers les consommateurs.
Avec ce plan, le Burkina Faso espère non seulement répondre à ses besoins croissants, mais aussi alléger le poids financier des importations énergétiques. Une stratégie qui, si elle est menée à bien, pourrait transformer durablement le paysage énergétique du pays et lui permettre de s'imposer comme un modèle en Afrique de l'Ouest.
source : linfodrome.com