Abidjan (2024 Afriquinfos) - Le retour de Laurent K. Gbagbo en Côte d'Ivoire et l'annonce imminente de sa possible inscription sur la liste électorale marquent une étape décisive dans l'évolution de l'arène politique ivoirienne. Bien que certains aient voulu le considérer comme un homme politique du passé, son retour montre clairement qu'il reste un acteur incontournable de la scène politique, et dont le rôle est loin d'être achevé.

Au contraire, il apparaît comme une force toujours en mouvement, prête à redéfinir l'équilibre politique en Côte d'Ivoire et à affirmer une nouvelle fois son emprise sur le pays. Depuis son retour d'exil, Laurent Gbagbo semble avoir retrouvé toute sa stature, aussi bien sur le plan national qu'international. Sa rencontre récente avec l'ambassadeur de France, suivie de l'annonce d'une rencontre avec les acteurs du Groupe AES (Alliance des Etats du Sahel) indiquent sans ambiguïté que l'ancien Président n'a pas dit son dernier mot.

Ces discussions, qui se déroulent dans les coulisses de la diplomatie, laissent entrevoir un Gbagbo calculateur et habile, toujours à l'écoute des enjeux stratégiques qui façonneront l'avenir politique du pays. Le timing de ses sorties publiques, qu'elles soient motivées par des annonces politiques ou des interventions diplomatiques, semble soigneusement orchestré pour maximiser son impact.

Il faut également mentionner la publication du livre de l'homme d'affaires français, Bourgi, qui n'est pas simplement une anecdote littéraire, mais un événement politique en soi. Ce livre, largement médiatisé, a permis par ricochet à Gbagbo de retrouver une certaine visibilité en France.

Les sorties médiatiques de Bourgi n'ont pas été faites par hasard: elles viennent à point nommé pour renforcer la position de Gbagbo sur la scène internationale. Le fait qu'un homme comme Bourgi, considéré comme un influent Conseiller dans les relations entre la France et la Côte d'Ivoire, affirme sans détour que «c'est lui qui a gagné les élections de 2010» n'est pas anodin. C'est une déclaration lourde de sens, qui place l'ancien Président dans une position de légitimité contestée, mais forte.

Si Gbagbo n'a pas encore retrouvé le pouvoir qu'il a perdu en 2011, il n'en reste pas moins un acteur politique majeur en Afrique et dont l'influence dépasse largement les frontières de la Côte d'Ivoire. Ses mouvements calculés, ses déclarations et ses alliances stratégiques montrent qu'il est toujours dans la course. Il s'agit moins d'une simple volonté de revanche que d'un projet politique bien défini, et ce projet semble être nourri par la conviction que la crise politique ivoirienne de 2010-2011 ne peut être réglée sans un retour en scène de l'homme qui a incarné l'Opposition pendant plusieurs décennies.

L'absence de Gbagbo de la scène politique ivoirienne n'était donc qu'une parenthèse dans une histoire politique qui, selon lui, n'est pas encore terminée.

En définitive, L. K. Gbagbo ne semble pas avoir achevé son parcours politique. Bien qu'il soit souvent perçu comme un homme du passé, il démontre, au contraire, qu'il reste une figure incontournable dans le présent et dans l'avenir de la Côte d'Ivoire.

Ses connexions diplomatiques, ses soutiens internes et externes, ainsi que sa capacité à se réinventer en font un personnage politique dont les ambitions restent bien vivantes. La question n'est donc pas de savoir s'il est fini, mais plutôt quelle place il entend prendre dans le paysage politique ivoirien des années à venir.

Alex KIPRE, écrivain, journaliste, éditeur