Les récentes déclarations du ministre Célestin Serey Doh, membre du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), remettant en question les origines ivoiriennes de Tidjane Thiam, président du Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI-RDA), ont déclenché une vive polémique en Côte d'Ivoire. Ces propos, perçus par beaucoup comme xénophobes, soulèvent des questions profondes sur l'identité nationale et la tolérance dans le paysage politique ivoirien.
Des propos controversés
Lors d'une récente intervention publique, le ministre Serey Doh a affirmé que "le papa et la maman de Thiam sont Sénégalais", insinuant ainsi que Tidjane Thiam ne serait pas un "vrai" Ivoirien. Cette remise en question de la nationalité de Thiam intervient alors même que ce dernier a officiellement renoncé à sa nationalité française pour se consacrer pleinement à la politique ivoirienne.
Réactions et condamnations
Les déclarations de Serey Doh ont été largement condamnées par diverses figures politiques et la société civile. Jean Bonin, cadre du PDCI-RDA, a dénoncé ces propos en les qualifiant de "tréfonds boueux et nauséabonds de l'ivoirité", appelant à un débat politique axé sur les idées plutôt que sur les origines ethniques.
De son côté, Tidjane Thiam a réagi en rappelant son engagement envers la Côte d'Ivoire et en soulignant que, malgré les attaques sur son identité, il reste déterminé à servir son pays. Il a également critiqué la manipulation politique entourant la question de sa nationalité, affirmant que ces manoeuvres visent à détourner l'attention des véritables enjeux nationaux.
Le spectre de l'ivoirité
Cette controverse ravive le débat sur l'ivoirité, concept qui avait déjà marqué la scène politique ivoirienne dans les années 1990 et 2000, conduisant à des divisions profondes au sein de la société. L'utilisation de la nationalité comme arme politique menace de replonger le pays dans des débats identitaires stériles, éloignant les discussions des véritables défis socio-économiques auxquels la Côte d'Ivoire est confrontée.
Appel à un débat politique constructif
Face à cette situation, de nombreux observateurs appellent à un recentrage du débat politique sur des questions de fond telles que la révision de la liste électorale, la transparence du processus électorale, le développement économique, l'éducation, la santé et la cohésion sociale. La stigmatisation basée sur l'origine ou la nationalité risque de fragiliser davantage le tissu social et de compromettre les avancées démocratiques du pays.
En conclusion, les propos du ministre Serey Doh sur la nationalité de Tidjane Thiam ont non seulement suscité une indignation générale, mais ils mettent également en lumière les dangers de l'instrumentalisation des questions identitaires dans le jeu politique. Il est essentiel que les acteurs politiques ivoiriens privilégient un discours inclusif et constructif, orienté vers l'avenir et le bien-être de tous les citoyens.
source : IVOIRTV.NET | auteur : NKS