Le président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam, révèle qu'une autorité ivoirienne a averti son frère, Augustin Thiam, membre du RHDP, qu'il sera arrêté « immédiatement » s'il remet les pieds en Côte d'Ivoire.
Le président du PDCI-RDA était l'invité de l'émission Moments de vérité d'Alain Foka, le 26 juillet 2025. Dès le début de l'entretien, il a été interrogé sur sa longue présence en France alors même qu'il dirige le principal parti de l'opposition en Côte d'Ivoire, à moins de trois mois de l'élection présidentielle. Dans ses explications, il a laissé entendre qu'un retour au pays pourrait entraîner son arrestation.
« Pourquoi suis-je ici ? J'attends le minimum de garanties pour pouvoir exercer sereinement mes fonctions de président du parti », a déclaré Tidjane Thiam. J'ai eu un entretien avec mon frère Augustin Thiam, qui se trouve être membre du RHDP. Quelqu'un d'autorisé en Côte d'Ivoire lui a dit ceci : si ton frère met les pieds en Côte d'Ivoire, il sera arrêté. Je l'arrête immédiatement. »
« Il y a aussi des menaces physiques faites par des voix autorisées », a-t-il ajouté.
"On parle du CNT de 2020"
En ce qui concerne les motifs de cette éventuelle arrestation, Thiam a cité son prétendu lien avec le Conseil national de transition (CNT).
« [...] On parle du CNT de 2020, a-t-il révélé. CNT auquel je me suis opposé par écrit. Il y a un communiqué qui existe que vous pouvez consulter sur internet ».
Contre un troisième mandat jugé "anticonstitutionnel", l'opposition ivoirienne, alors dirigée par l'ancien président Henri Konan Bédié, avait annoncé, le lundi 02 novembre 2020, la mise en place d'un organe de transition dénommé Conseil national de transition, et la formation d'un « gouvernement de transition ».
Le jour suivant, le gouvernement ivoirien avait condamné avec « la plus grande fermeté » un « acte de sédition » et saisi le procureur de la République près le tribunal de première instance d'Abidjan, afin que soient traduits devant les tribunaux les auteurs et les complices de ces « infractions ».
« Il parait qu'il faut m'interroger sur le rôle que j'aurais joué depuis Paris, en n'étant pas rentré en Côte d'Ivoire depuis 20 ans, ironise l'ex-patron du Crédit Suisse ce samedi. (...) En fait, on invente n'importe quel prétexte. »
"J'ai un passeport ivoirien valide"
Tidjane Thiam a toutefois balayé les rumeurs selon lesquelles son exil serait lié à un retrait de ses documents d'identité. « J'ai des papiers ivoiriens (même si) plusieurs ministres ont dit qu'il fallait me les retirer ». « J'ai un passeport ivoirien valide et il m'a été délivré une carte de séjour également pour me permettre d'aller et de venir », a-t-il précisé.
Plus tôt dans l'entretien, Thiam a souligné « une succession d'évènements que beaucoup ont pu voir », et qui traduise une volonté de l'écarter, alors qu'il est, selon un sondage qu'il cite, le favori à la présidentielle d'octobre prochain.
Notamment le procès du 22 avril, à l'issue duquel un verdict l'a radié de la liste électorale. « Ensuite, très rapidement, le gouvernement s'est empressé de faire une conférence de presse pour dire que je suis Ivoirien ».
« Le 10 avril, j'ai déposé une demande de certificat de nationalité, qui m'a été rejetée, par courrier. Pourtant, le 23 avril, le gouvernement a déclaré que j'étais de nouveau ivoirien. Mon avocat a donc introduit une nouvelle demande de certificat de nationalité. Aujourd'hui, nous sommes le 26 juillet, et nous ne l'avons toujours pas obtenu. Voilà donc un gouvernement qui, d'un côté, affirme que je suis redevenu ivoirien, et de l'autre, me refuse un certificat qui le prouverait. »
« Ce gouvernement défend une théorie selon laquelle on pourrait perdre sa nationalité automatiquement... et la retrouver tout aussi automatiquement. Ils ont même parlé d'une nationalité "en sommeil" : un concept totalement inconnu de tous les juristes. »
source : linfodrome.com