Alors que la Côte d'Ivoire traverse une période de tension préélectorale marquée par la répression de certaines manifestations de l'opposition, la France surprend par son silence. Interrogé sur la situation, un ministre français a déclaré que Paris « ne s'immisce pas dans les affaires internes de la Côte d'Ivoire ». Une position en apparence vertueuse, mais qui interroge lorsque l'on connaît l'ampleur des intérêts français dans le pays.
Une neutralité officielle...
Depuis les bouleversements diplomatiques observés au Sahel, la France a adopté une ligne de conduite prudente vis-à-vis de ses anciens territoires coloniaux. Elle se veut respectueuse de la souveraineté nationale et cherche à se défaire de l'étiquette d'« ingérence néocoloniale » qui lui colle à la peau.
Cette retenue publique s'inscrit dans une stratégie plus large : celle de redorer son image et de ne plus apparaître comme l'arbitre des crises africaines.
...mais des intérêts bien réels
La Côte d'Ivoire reste le principal partenaire économique de la France en Afrique de l'Ouest francophone. Plus de 250 entreprises françaises y opèrent, dans les secteurs stratégiques de l'énergie, des télécommunications, du transport, de la construction et de la finance. TotalEnergies, Orange, Bouygues, Bolloré, CMA-CGM ou encore Société Générale y réalisent des chiffres d'affaires considérables.
À cela s'ajoute l'importance géopolitique d'Abidjan, hub économique et militaire dans une région fragilisée par les crises sécuritaires.
Un silence diplomatique qui en dit long
Dès lors, peut-on parler d'une neutralité réelle ?
Difficilement. Le silence de la France face aux arrestations, à la restriction des libertés publiques et à la crispation du climat politique traduit une neutralité de façade. En réalité, Paris privilégie la stabilité du partenaire Ouattara à la défense ouverte des principes démocratiques.
Un déséquilibre assumé : préserver l'ordre établi plutôt que risquer de perdre un allié économique et stratégique majeur.
Entre diplomatie et pragmatisme
Il ne s'agit pas d'un désintérêt, mais d'un calcul diplomatique. La France agit désormais dans la discrétion, par des canaux diplomatiques feutrés. Elle veut éviter toute accusation d'ingérence tout en veillant, en coulisses, à ce que la stabilité du pays ne soit pas menacée.
Mais à force de vouloir paraître neutre, Paris prend le risque d'apparaître complice par silence.
source : IVOIRTV.NET