Après une décennie marquée par de profondes réformes et un retour durable à la stabilité, avec le programme 2030 du président Ouatara nouvellement réélu, la Côte d'Ivoire s'apprête à vivre une nouvelle séquence de son histoire.
Le programme 2025-2030 du président Alassane Ouattara veut prolonger les transformations engagées depuis 2011, tout en fixant une trajectoire destinée à accélérer le développement pour les années à venir. Dans un environnement régional instable, cette feuille de route vise à consolider les acquis sécuritaires, accélérer la modernisation économique et renforcer la cohésion sociale.
Le chef de l'Etat Alassane Ouattara, réélu pour un quatrième quinquennat à l'issue de l'élection présidentielle du 25 octobre 2025, entend renforcer la stabilité du pays pour poursuivre les progrès sociaux. Il sera investi le 8 décembre 2025 pour un mandat de cinq ans.
Depuis la crise postélectorale de 2011, la Côte d'Ivoire s'est appuyée sur le rétablissement de la paix et de la sécurité pour refonder son modèle de développement. Dans ce contexte, le président Alassane Ouattara a accru les moyens de défense et de sécurité du pays.
Ce socle demeure central dans le programme 2030, qui prévoit de poursuivre les efforts en matière de cohésion nationale, de professionnalisation des forces armées et de modernisation des dispositifs de sécurité intérieure.
À l'horizon 2030, le gouvernement ambitionne ainsi de renforcer la présence sécuritaire avec un ratio policiers-habitants porté de 1/509 à 1/400, d'opérationnaliser un système national d'alerte précoce et d'améliorer l'indice de cohésion sociale de 58 % à 65 %.
Progrès sociaux et ambitions économiques
Le pays a multiplié par trois le nombre de collèges et lycées publics (de 294 en 2011 à plus de 900 en 2024) et porté de trois à neuf le nombre d'universités, symbole de l'investissement massif réalisé dans le capital humain.
Dans la santé, les avancées sont tout aussi significatives : 82 % des Ivoiriens vivent à moins de cinq kilomètres d'un centre de soins, contre 66 % en 2011, et la Couverture Maladie Universelle assure aujourd'hui une protection à plus de 16 millions de personnes.
Le programme prévoit de renforcer cette dynamique en recrutant près de 70 000 professionnels de santé et en étendant les filets sociaux à plus de 800 000 ménages vulnérables. L'ensemble de ces actions témoigne d'une volonté d'ancrer durablement la prospérité dans l'amélioration du bien-être collectif.
Cette consolidation sociale s'accompagne d'une stratégie économique résolument tournée vers la transformation structurelle du pays. Forte d'une croissance moyenne de 7% par an depuis plus de dix ans, la Côte d'Ivoire souhaite désormais accélérer son industrialisation.
Le programme fixe des objectifs clairs : porter la part du secteur manufacturier de 15,7 % à 20 % du PIB, transformer localement 50 % du cacao, 70% de l'anacarde et 100 % de l'hévéa, et augmenter la capacité énergétique installée de 3 019 MW à plus de 5 000 MW d'ici 2030.
Pour soutenir cette dynamique, le vaste chantier de construction des infrastructures doit être poursuivi. Il prévoit la réhabilitation ou le revêtement de 35 000 km de routes, l'achèvement de la ligne 1 du métro d'Abidjan, le lancement du TGV Abidjan-Yamoussoukro-Bouaké, ainsi que l'extension des ports d'Abidjan et de San Pedro.
La transition numérique est également au coeur de cette stratégie, avec le déploiement de la 5G, la construction de trois data centers souverains et l'installation de points Wi-Fi publics dans les écoles et les hôpitaux.
Ces investissements visent à renforcer la compétitivité de la Côte d'Ivoire, à structurer les pôles économiques régionaux, pour permettre un développement partagé par l'ensemble du territoire.
Une vision à long terme et défis à relever
Cette ambition économique s'accompagne d'un effort profond de modernisation de l'État. Le programme 2030 entend faire évoluer l'administration ivoirienne vers un fonctionnement plus transparent, plus efficace et plus adapté aux besoins d'un pays en transformation rapide.
L'objectif est de généraliser la dématérialisation des services publics, d'achever la mise en place du Numéro national d'identification et de renforcer les capacités des collectivités territoriales en matière de planification et de gestion des politiques publiques.
Mais le gouvernement reconnaît aussi que la décennie qui s'ouvre sera jalonnée de défis majeurs.
La Côte d'Ivoire ne cherche plus seulement à occuper une position de fait dans la sous-région : elle souhaite désormais consolider durablement son influence, dans un contexte marqué par l'instabilité politique, les risques sécuritaires, la tension migratoire en provenance du Sahel, la compétition économique internationale et la baisse des financements extérieurs.
Parmi les enjeux prioritaires figurent la création de millions d'emplois productifs pour une population jeune toujours plus nombreuse, la modernisation accélérée des filières agricoles, la montée en gamme du tissu industriel et le financement soutenable des grandes infrastructures.
À l'horizon 2030, le pays vise un Produit intérieur brut (PIB) par habitant de 4 500 dollars, une espérance de vie de 65 ans et une réduction du taux de pauvreté à 20 %.
Ces objectifs, ambitieux mais réalistes, traduisent une volonté claire : poursuivre la transformation du pays tout en préservant une stabilité devenue essentielle. Avec ce programme, Alassane Ouattara veut donner les moyens à son successeur d'affronter les contraintes d'un environnement international en profonde mutation.
source : apanews.net