Depuis plusieurs années, une situation ubuesque persiste à l'Institut National de Formation des Agents de Santé (INFAS) en Côte d'Ivoire : les bourses destinées à soutenir les étudiants pendant leur formation ne leur sont versées qu'avec des mois, voire une année entière de retard. Ce dysfonctionnement chronique plonge ces futurs professionnels de la santé dans une précarité financière alarmante et alimente des tensions grandissantes. Pourquoi rien n'est fait pour résoudre ce problème qui perdure ?

La bourse, censée permettre aux étudiants de subvenir à leurs besoins essentiels - logement, nourriture, transport, fournitures scolaires -, devient paradoxalement une charge. Alors qu'elle devrait alléger leur parcours, elle ne leur est versée qu'après l'année académique, les contraignant à vivre dans des conditions difficiles.

En 2015, les étudiants de l'INFAS avaient déjà manifesté pour réclamer six mois d'arriérés de bourses et deux mois d'allocations de stage, soit un montant total de 297 000 francs CFA en bourses et 90 000 francs CFA en allocations de stage. En 2022, la situation ne s'était toujours pas améliorée : les étudiants dénonçaient alors neuf mois d'impayés. Certains, n'ayant aucun soutien financier, sont contraints de chercher des solutions alternatives, souvent précaires, pour survivre.

Le directeur financier de l'INFAS a tenté d'expliquer ces retards par des lenteurs administratives et des problèmes budgétaires. Des solutions temporaires, comme des avances bancaires, ont été proposées, mais elles ne règlent pas le problème de fond.

Face à cette injustice, les étudiants n'ont eu d'autre choix que de manifester leur mécontentement. Malheureusement, ces revendications légitimes se sont souvent heurtées à une réponse répressive.

En octobre 2020, les étudiants de l'INFAS de Bouaké, après dix mois sans bourse, ont organisé un rassemblement devant le Centre Hospitalier Universitaire (CHU). La manifestation a été violemment dispersée par les forces de l'ordre, avec des gaz lacrymogènes et l'arrestation d'une trentaine d'étudiants. En mars 2022, à Abidjan, une autre grève a éclaté pour dénoncer neuf mois d'impayés et l'augmentation des frais d'inscription. Là encore, la tension était palpable entre étudiants et autorités.

Ces événements révèlent un mépris inquiétant des préoccupations des étudiants. Plutôt que d'écouter et d'agir, les autorités semblent préférer la répression.

La question demeure : pourquoi ces retards ne sont-ils toujours pas résolus ? Est-ce un manque de volonté politique, des dysfonctionnements administratifs trop enracinés ou un problème de gestion des fonds ?

Ce qui est certain, c'est que cette situation ne peut plus durer. L'État ivoirien et les responsables de l'INFAS doivent impérativement mettre en place un mécanisme efficace de décaissement des bourses pour garantir leur versement en temps voulu. L'éducation et la formation des futurs agents de santé ne devraient pas être entravées par des problèmes financiers évitables.

Les étudiants de l'INFAS, épuisés par des années d'attente et de promesses non tenues, méritent mieux. Il est temps que leurs voix soient entendues et que des solutions concrètes soient enfin mises en place.