Guerre en RDC : le président, Félix Tshisekedi, annule une réunion de crise avec Paul Kagame, son homologue du Rwanda

  • publiè le : 2025-01-30 00:14:26
  • tags : guerre - président -  - félix - tshisekedi - annule - réunion
Guerre en RDC : le président, Félix Tshisekedi, annule une réunion de crise avec Paul Kagame, son homologue du Rwanda
Le rendez-vous était prévu dans la journée, à l'initiative du Kenya, alors que les rebelles du M23 et l'armée rwandaise ont pris le contrôle de la quasi-totalité de Goma.

La République démocratique du Congo (RDC) s'enfonce dans la crise. Le Mouvement du 23 mars (M23) a ouvert, mercredi 29 janvier, un nouveau front dans l'est de la RDC après avoir pris le contrôle de Goma, ville de plus de 1 million d'habitants, à l'issue d'une offensive éclair de quelques semaines au côté de troupes rwandaises. Le M23 a fait une nouvelle incursion dans la province du Sud-Kivu, voisine de celle du Nord-Kivu dont Goma est la capitale, en s'emparant mercredi des localités de Kiniezire et Mukwidja, selon des sources locales.


De son côté, la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC), réunie en sommet extraordinaire au sujet de la crise dans l'est de la RDC, a « fermement exhorté » le gouvernement congolais à parler avec « tous les acteurs, dont le M23 ». Le président congolais, Félix Tshisekedi, n'a pas participé à la réunion. Pas plus qu'il n'a participé à la rencontre convoquée par le Kenya avec le président du Rwanda, Paul Kagame. « Le président de la République démocratique du Congo ne participera pas au sommet [en visioconférence] des chefs d'Etat de la Communauté de l'Afrique de l'Est », officiellement « pour des raisons d'agenda », a fait savoir l'Agence congolaise de presse (ACP) à la mi-journée.

M. Tshisekedi « va s'adresser aujourd'hui à la nation », a fait savoir la télévision nationale congolaise en début d'après-midi. Il ne s'est pas exprimé depuis le début de la crise. Son gouvernement a jusque-là dénoncé une « déclaration de guerre du Rwanda », tout en assurant vouloir « éviter un carnage ». Kinshasa et Kigali ont coupé ces derniers jours toute relation diplomatique en rappelant leurs diplomates respectifs.

Offensive éclair du M23 et de ses alliés
Il n'aura fallu que quelques semaines au Mouvement du 23 mars (M23) et à ses alliés rwandais pour atteindre Goma, après l'échec d'une médiation entre la RDC et le Rwanda sous l'égide de l'Angola à la mi-décembre, et y entrer dimanche soir. Ils encerclaient déjà presque toute la ville depuis plusieurs jours, avec comme seules voies de sortie le lac Kivu au sud et la frontière rwandaise à l'est. Mercredi, le groupe armé contrôlait la quasi-totalité de la ville.


Les combats y ont fait plus de cent morts et près d'un millier de blessés, selon un décompte de l'Agence France-Presse (AFP) établi mardi soir à partir des bilans des hôpitaux. Dix-sept soldats de la force régionale d'Afrique australe (Samirdc) et de la mission onusienne (Monusco), présentes dans la région en soutien à l'armée congolaise, ont été tués ces derniers jours dans des combats. Et d'après Vincent Karega, ambassadeur itinérant du Rwanda pour la région des Grands Lacs, qui s'est exprimé auprès de l'AFP, le M23 va « continuer dans le Sud-Kivu, parce que Goma ne peut pas être une fin en soi ».

Reddition de soldats roumains d'une société militaire privée

Des soldats roumains d'une société militaire privée opérant en RDC attendent d'entrer au Rwanda, sous la surveillance d'un combattant du M23, mercredi 29 janvier 2025. - / AFP
Mercredi, quelque 280 soldats roumains d'une société militaire privée opérant dans l'est de la RDC ont traversé la frontière avec le Rwanda via le poste-frontière de Gisenyi, pour se rendre aux autorités rwandaises. Depuis la fin de 2022, environ un millier d'anciens militaires européens, répartis dans deux sociétés, étaient arrivés sur place et étaient intégrés dans le dispositif des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) contre le M23.

La première, Congo Protection, dont sont issus les hommes qui se sont rendus mercredi, est gérée à Goma par le Roumain Horatiu Potra, ancien de la Légion étrangère française. L'autre, Agemira, est dirigée par des Français, dont des retraités de l'armée. Ils assuraient initialement la maintenance de la force aérienne congolaise.

Des ambassades attaquées à Kinshasa

Des membres du M23 partouillent dans Goma, mercredi 29 janvier 2025. - / AFP
L'Union africaine a appelé au « plein respect » de « l'intégrité territoriale de la RDC » sans toutefois mentionner le Rwanda. Mardi, le pape François a appelé à tout faire pour que les hostilités cessent dans la région. Tout comme les Nations unies, les Etats-Unis, la Chine, l'Union européenne et l'Angola, qui ont demandé au Rwanda d'en retirer ses forces. La présidence angolaise a confirmé, mercredi dans la soirée, une visite, dans un premier temps tenue secrète, du président Tshisekedi, révélée auparavant par le média Africa Intelligence.

La crise s'est aussi étendue par surprise jusqu'à Kinshasa, mardi matin. Des manifestants en colère ont attaqué plusieurs ambassades, dont celles du Rwanda. Les ambassades de France, de Belgique et des Etats-Unis, des pays critiqués pour leur inaction dans cette crise, ont également été ciblées.

Le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, s'est entretenu mardi avec le président rwandais et a appelé « à un cessez-le-feu immédiat dans la région et à ce que toutes les parties respectent l'intégrité territoriale souveraine » de la RDC, selon le département d'Etat. Mardi soir, Washington a invité ses ressortissants à quitter le pays et, mercredi, le département d'Etat a « ordonné le départ des employés non essentiels du gouvernement américain et de tous les membres de leur famille éligibles ». La Belgique a aussi déconseillé tout voyage vers la RDC pour des raisons de sécurité.

Les nouvelles violences ont aussi aggravé une crise humanitaire chronique dans la région. Selon l'ONU, un demi-million de personnes ont été déplacées par les combats depuis début janvier. Des centaines de milliers de déplacés s'entassaient déjà dans la capitale provinciale et ses environs. Des bombardements ont touché un camp, faisant douze morts selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA).


Depuis la fin de 2021, le M23 et des troupes de l'armée rwandaise se sont emparés de vastes pans de territoire dans la province du Nord-Kivu, dont Goma est la capitale, et y ont installé une administration parallèle. Goma avait été brièvement occupée à la fin de 2012 par le M23, né cette année-là et vaincu militairement l'année suivante.


Le Monde avec AFP
source : lemonde.fr

A voir egalement

Publicité
Publicité