Le général Brunot Dogbo Blé, homme fort de l'ex-président Laurent Gbagbo, a nié jeudi avoir ordonné de tirer sur des civils pendant la
crise postélectorale de 2010-2011 en Côte d'Ivoire, lors du procès pour "atteinte à la sûreté de l'Etat", dont l'ex-Première dame Simone Gbagbo est l'un des 83 co-accusés.
"Monsieur le Président, je ne me reconnais pas dans les faits. Cette guerre, on n'a pas à me la raconter. Parce que moi-même, je l'ai vécu", martèle t-il . Et de poursuivre, "Je suis titulaire d'une Maitrise en Sciences économiques. Après donc, mon diplôme, j'ai présenté le concours de l'école militaire spéciale de Saint Cyr. Après ma formation, je fus affecté au bataillon blindé. J'ai été plus tard commandant de ce bataillon. J'ai passé 13 ans au Bataillon Blindé. En 2000, je suis arrivé à la Garde Républicaine. A titre de rappel, la Garde Républicaine fut crée par Décret Présidentiel et par le Président feu Félix Houphouët Boigny. Jusqu'à ce jour, ce Décret n'a jamais été modifié. Quelle est la mission de la Garde Républicaine : C'est assurer la sécurité du Président de la République, la sécurité des Institutions de la République, la sécurité des personnalités de l'Etat de Côte d'Ivoire, cette tâche, nous la partageons avec la gendarmerie nationale et la police nationale et assurer l'ordre public dans une certaine mesure. C'est ce que j'ai fait", a affirmé le Général.
Selon lui, il n'a pas outrepassé en aucun moment ses prérogatives. "Quand Monsieur Gbagbo Laurent a prêté serment à la salle des pas perdus du Palais présidentiel, en ce moment, il n'y a plus de débat. Je ne veux rien vous apprendre. Mais, quand un Président est investi par le Conseil Constitutionnel, c'est à ce chef d'Etat qu'on obéit."
L'homme fort de l'ex-président Laurent Gbagbo a nié toutes acusations.
"Des gens ont des préjugés sur moi. Qu'ils arrêtent. C'est moi qui ai appelé Choi de mon téléphone portable après l'arrestation de Laurent Gbagbo pour lui dire : « Monsieur Choï, l'armée française vient d'arrêter le Président Laurent Gbagbo . Envoyez %u2013moi des militaires pour sécuriser la résidence. Et après quelques minutes, un détachement est arrivé avec à sa tête un Général ghanéen...Mon Président, nous les militaires, c'est la République. Quand, la République est attaquée, il faut la défendre au prix de sa vie..."Plus de 3.000 personnes sont mortes en
cinq mois de violences, nées du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire de son adversaire, l'actuel chef de l'Etat Alassane Ouattara. Cette crise a ponctué une décennie de conflits politico-militaires dans le pays. Le général Dogbo a été condamné en 2012 à 15 ans de prison pour complicité dans l'assassinat d'un officier à la retraite, dans le premier grand procès de cette crise. Il a fait appel. Il est également inculpé pour complicité d'assassinat du général Robert Gueï, ex-chef de la
junte ivoirienne tué le 19 septembre 2002, jour d'un coup d'Etat raté contre M. Gbagbo qui a été suivi de la prise du nord du
pays par des rebelles.
Le procès en cours à Abidjan est qualifié de procès le plus important pour la Côte d'Ivoire depuis la fin de la crise postélectorale et la quasi-totalité des accusés est issue du camp des pro-Gbagbo. La société civile ivoirienne et l'opposition pro-Gbagbo critiquent la "justice des vainqueurs" en Côte d'Ivoire, où aucun dignitaire pro-Ouattara n'a pour l'instant été inquiété.
avec imatin