Avec seulement trois députés élus pour 187candidats en lice, le Front populaire ivoirien (FPI) a réalisé un score entotal désaccord avec le standing du parti fondé par Laurent Gbagbo.
La première législature de la 3ème République de Côte d'Ivoirea été élue le dimanche 18 décembre 2016. 1 337 candidats, issus notamment duRhdp, des Indépendants, du Front populaire ivoirien (Fpi) et de micros partispolitiques, étaient en lice.
A l'arrivée, le Fpi de Pascal Affi N'Guessan y a vu du feu. Cen'est pas une grosse claque, encore moins une débâcle pour ce parti. C'est toutsimplement un « naufrage » électoral que le Fpi vient de connaître. La piluleest donc difficile à avaler... Le président du parti et ses camarades socialistesn'ont certainement pas encore digéré cette déroute électorale.
Néanmoins, le moins que l'on puisse dire, c'est que le navireFpi, avec 187 « combattants », a coulé bas, à l'exception du « capitaine » etde deux « sans grades » qui ont pu sauver leur tête. L'observateur de la viepolitique ivoirienne s'attendait à ces élections de la part du Fpi, à unecontre performance, mais pas de cette ampleur. On s'attendait, dans certaineszones du pays réputées ses bastions, que le Fpi et ses concurrents fassent soitjeu égal ou alors que l'ancien parti présidentiel perde dans la dignité. Maispartout, ça été la douche froide. A l'échelle du pays, les candidats présentésont été pulvérisés, laminés et défaits lamentablement.
187 candidats au départ pour seulement 3 élus, le Fpi a eu etla défaite politique, et le déshonneur avec des scores qui frôlentl'humiliation. « Le Fpi répond présent aux élections législatives de 2016. Surles 255 sièges, le Fpi a 210 candidats », avait fièrement indiqué, vendredi 11novembre 2016, à Cocody, l'ancien ministre Abouo N'Dori, Vice-président duparti lors de la présentation des candidats de la formation politique pour lacommune de Cocody. Mais, entre-temps, Affi et ses hommes ont revu, à la baisse,leur ambition, passant de 210 à 187 candidats.
« On était à l'époque à 96 députés. Notre objectif estd'aller au-delà des 96 députés. Maintenant, si on n'a pas les 96, on prend ceque nous avons gagné. Si nous gagnons 50, 30, 40 députés, on prend. Mais notreobjectif, c'est 96, sinon plus. Avec la cherté de la vie, avec les gens quisont en prison, on n'arrive pas à faire la réconciliation. Tout cela fait quela population va se détourner d'eux (ceux qui sont au pouvoir, Ndlr). Regardezle nombre d'indépendants. Les gens en ont ras le bol. Et c'est tout ça qui faitpeur à nos amis du Rhdp. Et ils deviennent frileux, et en même temps, ilsprennent des décisions hasardeuses à chasser les gens, à chasser les gens... Moije pense que c'est propice à l'opposition, et nous devons travailler dans cesens pour mettre en minorité le Rhdp à l'Assemblée nationale » déclarait, poursa part, sur Rfi, lundi 12 novembre 2016, Marcel Gossio, ancien Directeurgénéral (Dg) du Port autonome d'Abidjan (Paa), candidat dans la commune dePort-Bouët.
L'un et l'autre ont mordu la poussière, lamentablement face auRhdp. Aujourd'hui, il ne serait pas faux ou exagéré d'affirmer que le Fpi esten train de perdre largement du terrain entre les mains de Pascal AffiN'Guessan. De 9 députés en 1990 à 96 élus à l'hémicycle sous Laurent Gbagbo en2000 ( leur mandat avait été prolongé en décembre 2005), il chute aujourd'hui à3 députés avec Pascal Affi N'guessan.
Des scores qui donnent de la migraine
C'est vrai que le parti est divisé et miné par une criseinterne depuis plusieurs mois. C'est aussi vrai, qu'à ces élections, le sort,voire les chances des candidats d'Affi, étaient dépendantes du vouloir des «Gbagbo ou rien » réunis autour de Sangaré. Mais, ici, la responsabilitépolitique d'Affi N'guessan est pleinement engagée car, ces résultats sont la traductiond'une réalité au Fpi qui est que Pascal Affi N'Guessan détient le Logo duparti, mais pas la réalité du terrain. Cette douche froide à l'échelle de lanation est surtout la résultante de la politique de l'autruche, de la division,de l'égocentrisme, de la haine et du refus d'associer les autres. Ces minablesscores sont assez illustratifs d'un Fpi à bout de souffle et au bord du gouffreentre les mains de l'ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo. Dans sesterroirs historiques, tels l'enclave Akyé, le Centre-ouest, la commune deYopougon, l'ouest et le sud ouest, le Fpi a été pulvérisé soit par le Rhdp,soit par des candidats indépendants. Abouo N'Dori Raymond, un ancien ministrede Laurent Gbagbo, a été étalé avec 15,44 % dans ce qui était, jusqu'à sachute, l'un des fiefs du Fpi à Agboville.
Marcel Gossio a vu rouge à Port-Bouët avec un score plus oumoins honorable de 31,47 % des suffrages exprimés. Ateby Williams, GbamnanDjidan Jean-Félicien (ancien maire), Latt Jean-Luc... ont pris une belle racléeà Yopouguon, l'une des bases électorale du Fpi. Ils ont recueilli face au Rhdp,10,46 %. On est catastrophé devant la défaite de l'ex-ministre Alcide Djédjédans la «couveuse» du Fpi à Ouragahio. Il n'a recueilli que 1 823 voix soit19,87 % des suffrages exprimés. Dago Godé Pierre, l'un des politologues du Fpid'Affi N'Guessan, est tombé de très haut à Gagnoa, avec 430 voix, soit 5,23 %.Même déconfiture pour Liby Guillaume et Firmin Krékré, ainsi que DiabatéAboubakar, avec respectivement 374 voix, 2,94 %, 382 voix, 5,52 %, et 374 voix,2,94 %. A Divo, un autre « protectorat » politique du parti de Laurent Gbagbo,Mme Abané Yvonne Delompou et N'Guessan Kouamé Richard ont été terrassés de laplus honteuse des manières. Ils ont recueilli 270 et 344 voix, soit 1,73 % et3,41 %.
La terre s'est dérobée sous les pieds de la « Première dame »du Fpi, Agnès Monnet, qui a mordu la poussière avec 2 637 voix, soit 25,56 %des suffrages exprimés. Amacho Achou Jonans et Acho Aka Urbain n'ont pu, euxaussi, sauver la mise dans ce département où le Fpi, dans ses débuts, régnaiten maître absolu. 824 voix, soit 13,80 % pour l'un et 243 voix, soit 2,08 %pour l'autre. Pour le reste, les scores donnent tout simplement de la migraine.A Guiglo, Maho Glofiei, l'ex-chef de guerre, a obtenu 123 voix, 1,60 %, BohéConstant, lui, s'essuie les larmes avec 271 voix, soit 3,03 % à Duékoué. AOumé, un autre bastion du Fpi, Brou Toto Ghislain et N'Guessan Kouadio ont bule calice du déshonneur jusqu'à la lie. 67 voix, 1,04 % et 243 voix, 2,08 %.Même à Lakota, une baronne du Fpi, Anne Gnahouret ( 356 voix, 7,29 %) quandZatté Bahya Thomas, dans cette localité, recueillait 200 voix, pour 1,73%.
A Bouaflé, Guiglo, Sinfra, Zuénoula,Daloa, Guitry et Issia, le Fpi a volé très bas pour s'écraser face contreterre. Zaouli Bi Zaouli a eu 90 voix, soit 1,30 % à Zuenoula. Dr Gui TiheiJean-Claude (ancien président de conseil général ) a obtenu 120 voix à Guiglo,l'équivalent de 2,90 %. A Daloa et Issia, Seri Obrou et Naka Jonas ont eurespectivement 247 voix, 3,42 % et 262 voix, 2,57 %. 1,28 % pour Kouassi BiYouzan, 6,90 % pour Zan Bi Sery à Sinfra, 7,27 % pour le compte de Boikalo BiThiery, et 9,11 % en faveur de Gadou Kouakou Henri à Bouaflé, sont là desscores qui plongent aujourd'hui le Fpi dans les profondeurs des eaux boueusesde la démocratie en Côte d'Ivoire.
source : LINFODROME | auteur : Abraham KOUASSI