Le retour du Djidji Ayôkwé est désormais officiel. Ce tambour sacré de la communauté Atchan, confisqué par les colons en 1916, va retrouver sa terre d'origine.
L'annonce a été faite au terme du Conseil des ministres du 30 juillet 2025. Après des années de démarches diplomatiques, la France restitue enfin l'un des symboles les plus puissants du patrimoine ivoirien.
Une victoire culturelle et politique pour la Côte d'Ivoire, mais aussi une étape d'un combat bien plus vaste : la restitution de 147 autres trésors culturels toujours conservés en France.
Un tambour, une voix, une mémoire
Bien plus qu'un simple objet, le Djidji Ayôkwé était un véritable moyen de communication au sein du peuple Atchan.
À coups rythmés, il permettait de mobiliser les villages, transmettre des messages, prévenir des dangers. Ce tambour « parleur », sacré et respecté, a été saisi par l'administration coloniale en octobre 1916, avant d'être expédié à Paris, intégré aux collections publiques françaises, et déclaré propriété de l'État français.
2017, le tournant diplomatique
C'est en 2017 que la question de la restitution des oeuvres africaines spoliées entre dans le débat international. Depuis, un dialogue bilatéral s'est intensifié entre Abidjan et Paris.
Le comité national présidé par le Premier ministre ivoirien a concrétisé en 2025 le retour du Djidji Ayôkwé, dans le respect des procédures légales et patrimoniales.
Le tambour est désormais de retour à Abidjan, symbole vibrant d'un passé arraché qui retrouve sa voix.
Une demande officielle pour 147 pièces supplémentaires
Mais le combat ne s'arrête pas là.
Le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, a affirmé lors du même Conseil des ministres que la France retient encore 147 biens culturels ivoiriens.
Des objets rituels, historiques ou artistiques, pillés ou exportés pendant la période coloniale.
La Côte d'Ivoire engage donc une nouvelle phase de négociations, avec l'objectif clair : faire revenir ces oeuvres sur leur sol d'origine, dans les musées, palais ou sanctuaires qui les ont vus naître.
Un enjeu de mémoire et d'identité
Pour les autorités ivoiriennes, cette restitution va bien au-delà de la symbolique.
Elle constitue une réhabilitation de l'histoire nationale, un acte de justice mémorielle. Ainsi, qu'une transmission culturelle à destination des jeunes générations.
Le pays demande donc la restitution de ses 147 autres trésors culturels.
« Chaque objet restitué est une page d'histoire qui revient entre nos mains », a déclaré un membre du comité, soulignant que la Côte d'Ivoire poursuivra ce travail de mémoire jusqu'au bout.
Eirena Etté
source : 7info.ci