Côte d'Ivoire : La dette projetée à 34 656,7 milliards FCFA en 2025

  • publiè le : 2024-12-02 09:44:15
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Côte d'Ivoire : La dette projetée à 34 656,7 milliards FCFA en 2025
La dette ivoirienne est régulièrement pointée du doigt. Chaque année l'Etat ivoirien lève d'importants emprunts pour faire face à ses besoins de trésorerie. De même, les infrastructures sont construites par des emprunts. Conséquence, la dette accélère, passant de 6 000 milliards FCFA en 2011, à 28 944,7 milliards au premier semestre 2024. Elle est projetée à 34 656,7 milliards en 2025.


Notons que n'eût été l'annulation partielle intervenue en 2012, elle serait plus importante aujourd'hui. Bien sûr, il ne faut pas considérer la dette de façon isolée. Si elle atteint des « sommets » comme le disent certains, le PIB a lui aussi fortement augmenté. Ainsi avec un ratio Dette/PIB de 58,1 % en 2023 (la norme communautaire au sein de l'UEMOA étant de 70%), le pays reste dans les clous, comparativement au Sénégal (76,6 %), au Ghana (96,2 %), au Maroc (71,5 %), au Kenya (68,4 %).


La Côte d'Ivoire est le troisième pays le mieux noté en Afrique derrière l'île Maurice et le Botswana en 2024. Le pays a reçu un prix en novembre dernier sur la gestion de sa dette souveraine, décerné à Londres par le magazine financier international Risk. Enfin, l'économie ivoirienne est devenue la neuvième du continent en 2024.

Malgré tous ces lauriers, l'inquiétude commence à pointer concernant la taille de la dette, quand bien même les agences internationales de notation parlent de ''risque modéré de surendettement''. En 2025, la Côte d'Ivoire va consacrer 4 121 milliards FCFA au remboursement de sa dette, soit 26% de son budget (15 339,2 milliards de FCFA).

Mais il faut dans le même temps noter que le pays projette de contracter quelque 5 700 milliards FCFA de nouveaux emprunts dans le cadre de ce budget, et ce sont ces nouveaux emprunts qui vont entre autres servir à régler le service de la dette, c'est-à-dire à payer les 4 121 milliards de remboursement. On l'aura compris, chaque année on s'endette pour rembourser la dette.

C'est ce qu'on appelle le refinancement de la dette. Ne parvenant pas à générer suffisamment de ressources pour faire face au service de sa dette, chaque année le pays s'endette pour rembourser les échéances qui parviennent à maturité. Ainsi de nouvelles dettes règlent en partie d'anciennes dettes, puis s'ajoutent au stock de celles-ci, accroissant ainsi le volume de la dette globale. Si sur le plan comptable la dette est remboursée, mathématiquement elle demeure, elle n'est jamais vraiment remboursée.

Le refinancement des dettes souveraines est une pratique courante dans les Etats. Mais elle n'en comporte pas moins des risques, surtout pour les pays africains, dont les ressources et l'environnement restent volatiles. Vous pouvez refinancer la dette, mais elle ne disparaîtra pas, elle va plutôt grossir, entraînant un risque de surendettement toujours plus croissant.

Puis un jour, sa taille sera telle que plus personne n'osera vous prêter des fonds. Aujourd'hui, le Ghana, la Zambie, l'Ethiopie, l'Angola, le Congo Brazzaville entre autres ne peuvent plus refinancer leurs dettes. Ils n'ont plus accès aux marchés. En fait le refinancement des dettes souveraines s'apparente à la pyramide de ponzi, c'est une fuite en avant, c'est un engrenage.

On en sort véritablement soit une croissance vigoureuse des ressources intérieures, soit par une cure d'austérité sur les dépenses. La source de la dette, c'est le déficit budgétaire, le fait que toutes les dépenses inscrites chaque année au budget ne sont pas couvertes par les ressources intérieures, entraînant le recours aux emprunts pour combler le gap. Si en 2025 la Côte d'Ivoire prévoit un déficit budgétaire de 3% du PIB (la norme communautaire au sein de l'UEMOA), les années antérieures il était de 6%.

Conséquence, seulement 45% des dépenses inscrites au budget étaient financées par les ressources internes, le reste était financé par la dette, les appuis budgétaires (notamment de l'UE) et les dons en tout genre. Ce n'est pas le scénario idéal pour un pays qui se veut émergent. La dette ivoirienne n'a pas encore atteint le seuil fatidique de 70% du PIB (la norme communautaire au sein de l'UEMOA). Elle est passée de 38,4% du PIB en 2019, à 58,1% en 2023. On attend les chiffres définitifs de 2024.

Mais on le voit, elle s'approche chaque année de cette limite, et les autorités semblent incapables d'inverser le processus ou même de le ralentir. La dette devient chaque année plus lourde à refinancer, les nuages se forment à l'horizon. A moins que les recettes de l'Etat ne fassent un bond prodigieux, l'éclatement de l'orage est une question de temps.

Ce qui nous amène à porter les regards vers les champs pétroliers « baleine » et « calao » récemment découverts. Ils sont prometteurs. Le premier est entré en production en août 2023, et le second le sera en 2026. Selon les projections, la CI pourra capter environ 3,65 milliards de dollars annuellement lorsqu'elle va exercer ses pleins droits sur ces deux gisements.

Le bruit a couru en début d'année que le président Ouattara se préparait à lancer un méga emprunt de 8 milliards de dollars garanti par la production du champ « baleine ». Les autorités ont démenti, mais il est probable que l'idée avait été envisagée avant d'être abandonnée. C'est dire que le sort de la dette ivoirienne va grandement dépendre de la production pétrolière. Si elle tient ses promesses, la dette pourra être sous contrôle.

Dans le cas contraire, on ne voit pas comment le pays pourra éviter le sort du Ghana voisin, qui s'était endetté massivement en prévision des recettes pétrolières, lesquelles malheureusement se sont avérées décevantes, entraînant une situation d'incapacité à honorer les emprunts. Au Sénégal également, on attend beaucoup de la production pétro-gazière pour faire face à l'immense dette (76,6¨% du PIB) héritée de Macky Sall. Croisons donc les doigts.

Douglas Mountain
source : afriksoir.net

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