OPPOSITION IVOIRIENNE : ON VEUT DES SONKO, MAIS SANS MACKY SALL - CHRONIQUE

  • publiè le : 2025-06-12 13:12:25
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OPPOSITION IVOIRIENNE : ON VEUT DES SONKO, MAIS SANS MACKY SALL - CHRONIQUE
Dans le grand théâtre politique africain, la Côte d'Ivoire a désormais son nouveau modèle à suivre : Ousmane Sonko.

Oui, le héros national sénégalais, le résistant pacifique, le stratège de l'ombre devenu maire de Ziguinchor et désormais Premier ministre. À Abidjan, sur les plateaux télé, dans les tribunes des partis au pouvoir et même chez certains analystes en cravate, c'est la même rengaine : « L'opposition doit faire comme Sonko. »

Traduction : arrêtez de contester les exclusions de Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, Charles Blé Goudé et de Guillaume Soro. Choisissez des plans B pour affronter le « candidat naturel » du RHDP, ou attendez sagement votre tour, même si c'est dans 20 ans.

Mais... attends une minute. Si l'opposition ivoirienne doit se comporter comme Ousmane Sonko, alors, logiquement, Alassane Ouattara devrait se comporter comme Macky Sall, non ? Et la CEI comme la CENA ? Et le Conseil constitutionnel ivoirien comme celui du Sénégal ? Ah, là tout de suite, plus personne ne parle. Silence radio. Coupure de micro.

Deux poids, deux bulletins
Parce que oui, dans cette belle histoire sénégalaise qu'on cite en exemple, il ya des faits qu'on oublie souvent de rappeler : Macky Sall, malgré tous les soupçons, a fini par dire haut et fort : « Je ne serai pas candidat. »

La CENA (Commission électorale sénégalaise) a fonctionné sans trop de soupçons de favoritisme. Le Conseil constitutionnel sénégalais, même sous pression, n'a pas invalidé Sonko ni Diomaye Faye pour des prétextes flous ou des interprétations farfelues de leur nationalité.

Pendant ce temps, chez nous en Côte d'Ivoire, on a radié des candidats comme on efface un contact gênant de WhatsApp. Une nationalité française en 1987 ? PAF, dehors. Une condamnation contestée ? BOUM, écarté. Un passé de leader rebelle ou d'ex-président ? HOP, disqualifié. Et tout ça, dans le calme complice de la communauté internationale.

Le Sonko à géométrie variable
On veut donc un Ousmane Sonko version ivoirienne : calme, organisé, numérique, discipliné. Mais on ne veut pas de Macky Sall version ivoirienne : un président qui accepte de passer la main. Ni de la CENA locale indépendante. Ni d'un Conseil constitutionnel qui juge avec neutralité.

C'est un peu comme demander à un élève de faire un bon devoir... sans lui donner ni papier, ni stylo, ni électricité. Juste à la lampe, à l'ancienne, avec un vieux crayon cassé. Et après, on s'étonne qu'il n'ait pas 20/20.

Dans une vraie démocratie, toutes les conditions doivent être réunies pour que le processus soit crédible. On ne peut pas exiger des opposants de choisir un plan B, pendant qu'on ferme les yeux sur des velléités de 4 e mandat et des anomalies criardes sur la liste électorale.

C'est un peu facile de dire : « L'opposition doit aller aux élections » quand on sait d'avance que certains n'auront pas de carte d'électeur, d'autres seront radiés ou poursuivis, et que la CEI et le Conseil constitutionnel feront la danse du parti unique.

Alors pose franchement la question : et si on voulait vraiment une opposition à la Sonko, pourquoi ne pas d'abord créer les conditions d'un Macky Sall version Côte d'Ivoire ? Et si, pour une fois, on arrêtait de faire porter tout le poids du respect des règles à ceux qui n'ont même pas la main sur le ballon ?

Parce qu'au fond, ce n'est pas à l'opposition seule de faire preuve de maturité démocratique. C'est à tout le système de jouer la même partition. Sinon, ce qu'on demande à l'opposition ivoirienne, c'est d'être des joueurs... sans capitaine, sans ballon, sans terrain, sans arbitre neutre, mais avec l'obligation de marquer.
source : linfodrome.com

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