Cette décision intervient alors que Thiam fait face à une contestation judiciaire concernant sa nationalité ivoirienne, un enjeu majeur pour sa candidature à l'élection présidentielle d'octobre 2025.
Tidjane Thiam a démissionné de la présidence du Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI-RDA), selon une déclaration officielle du président par intérim Ernest N'Koumo Mobio datée du 11 mai 2025. Cette décision intervient dans un contexte marqué par la radiation de Thiam de la liste électorale ivoirienne. Ce que le parti qualifie de harcèlement judiciaire.
Le Tribunal de première instance d'Abidjan a en effet prononcé, le 22 avril 2025, la radiation de l'ex-CEO de Crédit Suisse au motif qu'il aurait perdu sa nationalité ivoirienne, une condition d'éligibilité cruciale pour l'élection présidentielle d'octobre 2025. Le jugement se base sur l'article 48 du Code de la nationalité ivoirienne de 1961, qui prévoit la perte automatique de la nationalité pour tout Ivoirien majeur ayant volontairement acquis une nationalité étrangère. Thiam, qui avait obtenu la nationalité française en 1987 avant de s'en libérer le 19 mars 2025, se trouve confronté à cet argument juridique, malgré son insistance sur le respect des procédures légales.
Dans une vidéo diffusée peu après cette décision, Thiam a dénoncé ce qu'il considère comme une « agression injuste » et un « raisonnement juridique inique » destiné à l'écarter de la course à la présidence. « En fait, ce qui se passe, c'est que le pouvoir vient d'éliminer à travers un raisonnement juridique inique et incompréhensible, son rival le plus sérieux à l'élection présidentielle du 25 octobre 2025 ainsi que les sondages le démontrent » a-t-il déclaré. Il a ajouté que « ce n'est pas normal et ce n'est pas à l'image que je souhaite que notre pays donne de lui-même. Je n'accepterais pas cette agression, parce qu'elle est injuste, injustifiée et incompréhensible. Soyez assurés que je suis absolument déterminé à être le candidat à la présidence de la République. »
Malgré cette radiation, Thiam avait affirmé sa détermination à poursuivre sa campagne : « Je vous dis, ce soir, la possibilité pour les Ivoiriens de choisir en toute liberté, sans crainte, celui ou celle qui doit diriger est une question de dignité. Vous pouvez compter sur moi pour mener ce combat. »
Il avait également assuré avoir commandité un sondage avec une organisation de renommée mondiale pour mesurer son avance sur ses concurrents, affirmant être « en tête de ce sondage et très largement, avec un solde très positif, devançant l'ex-président Laurent Gbagbo, qui est deuxième ». Thiam avait même promis de diffuser ces résultats, se disant convaincu qu'au second tour, il l'emporterait avec « 57% des voix contre 41% pour M. Alassane Ouattara, soit plus de 15% d'écart ».
Cependant, face à l'incertitude juridique entourant sa candidature et les défis internes au sein du PDCI, Thiam a choisi de se retirer. Conformément aux statuts du parti, Ernest N'Koumo Mobio, vice-président le plus âgé, a pris les rênes par intérim, lançant un appel à la cohésion et à la discipline pour préserver l'unité du parti en cette période de turbulence.
Ce retrait intervient à cinq mois de l'élection présidentielle, laissant l'un des principaux partis d'opposition ivoiriens en quête d'un nouveau leadership à un moment critique pour l'équilibre politique national.
source : apanews.net