Côte d'Ivoire: quelle stratégie pour l'opposition à la présidentielle?

  • publiè le : 2025-06-14 09:49:20
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Côte d'Ivoire: quelle stratégie pour l'opposition à la présidentielle?
Plan B? Candidat unique? Boycott? Plusieurs choix s'offrent à l'opposition ivoirienne après l'exclusion de quatre de ses figures à la course à la présidentielle du 25 octobre.

Le président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, principale formation d'opposition), Tidjane Thiam, a été radié de la liste électorale en avril après une décision de justice remettant en cause sa nationalité ivoirienne au moment de son inscription.

L'ex-président Laurent Gbagbo (2000-2011), son ancien bras droit Charles Blé Goudé et l'ancien Premier ministre Guillaume Soro, désormais en exil, sont eux aussi exclus, en raison de condamnations judiciaires.

Ces exclusions ont été confirmées par la publication le 4 juin de la liste électorale définitive.

Aucun de ces quatre candidats ne pourra se présenter à l'élection présidentielle, ni même voter.

Une réintégration des exclus est-elle possible ?
La réintégration des quatre hommes passe avant tout par une révision de la liste électorale avant la clôture des candidatures, le 26 août.

Un scénario balayé par Ibrahime Kuibiert Coulibaly, le président de la Commission électorale indépendante (CEI) qui organise les élections, jugeant le timing trop court.

De plus, pour réintégrer MM. Gbagbo, Blé Goudé et Soro, il faudrait également qu'une loi d'amnistie soit votée par le Parlement à leur sujet, ou prise par ordonnance par le président, afin d'effacer leurs condamnations judiciaires.

"Dans le contexte actuel, rien n'indique qu'on s'achemine vers une décision de cette nature", affirme à l'AFP William Assanvo, chercheur à l'Institut d'études et de sécurité (ISS).

Thiam et Gbagbo ont-ils un plan B ?

Un scénario à la sénégalaise, où Ousmane Sonko empêché de se présenter avait placé avec succès son dauphin Bassirou Diomaye Faye comme candidat à la présidentielle de 2024, est pour le moment exclu tant au PDCI qu'au Parti des peuples africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI), la formation de M. Gbagbo.

"Gbagbo n'a jamais imaginé un tel scénario. Il fait partie de cette génération qui obstrue l'horizon politique des jeunes de son parti", pointe Francis Akindès, enseignant chercheur à l'université de Bouaké.

"Si on met quelqu'un d'autre qui a une chance de l'emporter, il sera lui aussi éliminé", craint de son côté un membre de l'entourage de Tidjane Thiam.

Et l'idée de se rallier à Jean-Louis Billon, ex-ministre du Commerce, dissident du PDCI qui affirme vouloir défendre les couleurs du parti, n'est pas d'actualité.

Le pouvoir réfute de son côté toute intervention dans le processus, assurant suivre les décisions d'une justice indépendante.

Un boycott est-il envisageable ?
Faute de plan B, la question du boycott du scrutin par les partis dont les leaders sont exclus revient sur le devant de la scène.

"Plus jamais nous ne manquerons les élections", déclarait Laurent Gbagbo en août 2023.

"Les résultats d'une élection sans le PDCI ni le PPA-CI n'auront aucune légitimité", prévient la source de l'entourage de M. Thiam.

Reste la pression populaire: Laurent Gbagbo a annoncé jeudi la création d'un mouvement citoyen baptisé "Trop c'est trop" pour porter "des revendications sociales fortes" et s'opposer à un 4e mandat éventuel du président Alassane Ouattara.

Samedi, il avait demandé à ses partisans d'être "prêts pour la bagarre". "A un moment, il faudra qu'on envahisse toutes les rues d'Abidjan" avait-il ajouté.

"Le PPA-CI a des capacités de mobilisation. Pour le PDCI, ça reste à confirmer, descendre dans la rue n'est pas dans leur culture politique", pointe William Assanvo.

"Ce qu'il se passe se joue entre l'élite politique dont les jeunes ne se sentent pas proches", explique Francis Akindès.

L'opposition peut-elle se rassembler derrière un candidat unique ?
Plusieurs partis d'opposition, dont le PDCI et le Cojep de Charles Blé Goudé, se sont rassemblés au sein de la Coalition pour l'alternance pacifique en Côte d'Ivoire (CAP-CI).

Dans cette coalition, deux figures politiques sont candidates déclarées et éligibles pour 2025: l'ex-Première dame Simone Ehivet Gbagbo et l'ancien Premier ministre Pascal Affi N'Guessan.

Mais pour l'heure les membres de la CAP-CI éludent la possibilité de faire front commun derrière un seul nom et se bornent à réclamer au pouvoir un dialogue politique et des réformes électorales.

De plus, le parti de Laurent Gbagbo - brouillé avec son ex-femme comme avec Charles Blé Goudé - ne fait pas partie de la coalition.

"Cette coalition n'est pas une alliance électorale, c'est une alliance pour demander un scrutin équitable. Est-ce que sa nature va changer? Ca semble peu probable", prédit M. Assanvo.
source : tv5monde.com

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