Plusieurs cadres de deux partis d'opposition en Côte d'Ivoire, dont un député, ont été longuement entendus par la police mardi, avant de ressortir libres tôt mercredi matin, au sujet d'incidents survenus le week-end dernier à Abidjan, a-t-on appris auprès d'un de leurs avocats et d'un des partis.
Le climat politique est tendu en Côte d'Ivoire, avant la présidentielle du 25 octobre: des figures de l'opposition ont été exclues du scrutin par des décisions de justice et plusieurs militants d'opposition ont été interpellés ces dernières semaines.
Mardi matin, le député du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), Yohou Dia Houphouët, le vice-président du Parti des peuples africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI), Damana Pickass, ainsi que quatre autres responsables de ces deux partis ont été convoqués à la préfecture de police d'Abidjan.
La convocation les invitait à se "tenir disponibles dans le cadre des procédures concernant les récents événements", précise le PDCI dans un communiqué.
"Puis, le procureur a donné des instructions selon lesquelles la Direction de la surveillance du territoire (DST) devait les entendre", a expliqué à l'AFP, Me Sylvain Tapi, avocat des cadres du PPA-CI, qui a dénoncé des auditions "anormalement longues". Les six hommes sont ressortis libres de la préfecture de police, mercredi au petit matin.
Mercredi après-midi, le PPA-CI a organisé à son siège une cérémonie de réception en l'honneur de ses camarades auditionnés.
Lors de la cérémonie, Damana Pickass a qualifié les interrogatoires de "pénibles, longs, harassants, à la limite de la torture."
Dans la nuit de vendredi à samedi, un bus de transport public a été incendié, une voiture de police dégradée par des individus armés de machettes, de gourdins, d'armes à feu et de cocktails incendiaires, selon le procureur de la République, Oumar Braman Koné.
Onze personnes ont été arrêtées, dont des membres du PPA-CI qui a nié toute implication dans ces violences.
Contacté par l'AFP mercredi, le procureur Koné n'a pas souhaité faire de commentaire sur l'affaire en cours.
Le PDCI et le PPA-CI, dont les deux candidats Tidjane Thiam et l'ex-président Laurent Gbagbo sont exclus du scrutin présidentiel par des décisions de justice, se sont rassemblés au sein d'un "Front Commun" et ont appelé à une marche samedi, dans la commune de Yopougon près d'Abidjan, pour réclamer un dialogue avec le pouvoir en vue d'élections inclusives.
Pour Damana Pickass, "toutes ces tracasseries" ont un seul objectif : "empêcher la marche du 9 de se dérouler".
"Le 9, il faut que chacun soit le policier de son voisin pour ne pas qu'il y ait des infiltrés qui viennent faire ce qu'on n'a pas dit de faire", a dit aux militants Sébastien Dano Djédjé, le président exécutif du PPA-CI.
Le président Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, a annoncé fin juillet qu'il briguerait un quatrième mandat à la tête du pays.
Dans une déclaration à la nation mercredi soir, à la veille du 65ème anniversaire de l'indépendance de la Côte d'Ivoire, il a assuré que "toutes les mesures ont été prises pour garantir un scrutin apaisé, sécurisé et démocratique" et appelé "à la responsabilité de tous les acteurs de la vie politique, sociale et civile".
Il a également annoncé l'augmentation des primes de fin d'année des fonctionnaires, en janvier 2026, et la revalorisation d'une prime versée aux retraités, au mois de septembre. "Un signe que la croissance doit être partagée", a indiqué le président.
source : tv5monde.com