''Coup d'État civil'' à la veille de la présidentielle ivoirienne, selon l'ancien président Laurent Gbagbo

  • publiè le : 2025-10-23 01:27:54
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''Coup d'État civil'' à la veille de la présidentielle ivoirienne, selon l'ancien président Laurent Gbagbo
À trois jours de l'élection présidentielle prévue le 25 octobre, Laurent Gbagbo sort du silence. Dans un entretien accordé à AFO Media, l'ancien chef de l'État, a dénoncé le scrutin qu'il qualifie de "coup d'État civil". Il affirme également qu'il n'appellera à voter pour aucun candidat.

À 80 ans, Laurent Gbagbo dit vouloir prendre du recul avec sa carrière politique. "Il n'y a pas de retraite en politique", affirme-t-il d'une voix posée. "Mais je m'interdirai d'occuper des fonctions politiques, à l'intérieur de mon parti comme dans l'État", a-t-il déclaré. Il a également annoncé qu'il ne sera pas candidat à la prochaine élection présidentielle, dans cinq ans. "J'ai assez donné", a-t-il expliqué.

S'il se tient désormais en retrait de la compétition électorale, l'ancien président ivoirien, acquitté en 2021 par la Cour pénale internationale, n'en reste pas moins un acteur central du débat politique.

Un "braquage électoral"
Laurent Gbagbo revient longuement sur l'invalidation de sa candidature, estimant que les autorités ont volontairement écarté ceux qui pouvaient contester le pouvoir d'Alassane Ouattara. "Ceux qui pouvaient gagner cette élection ont été écartés", accuse-t-il. "Ce qui va se faire le 25 octobre, ce n'est pas une élection, c'est un coup d'État civil, un braquage électoral", poursuit-il.

L'ex-président rappelle avoir déposé sa candidature, avant qu'elle ne soit finalement rejetée au motif d'une condamnation dans l'affaire du "braquage de la BCEAO" (Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest). Il qualifie cette accusation de purement politique. "La BCEAO n'a jamais porté plainte, elle n'a jamais dit qu'elle avait été braquée. C'est faux", a-t-il déclaré.

Refusant de légitimer le scrutin, Gbagbo rejette toute alliance avec les autres formations de l'opposition, y compris au sein de son propre parti, le PPA-CI (Parti des peuples africains - Côte d'Ivoire) et ne donne aucune consigne de vote. "Il faut que les Ivoiriens comprennent que Gbagbo Laurent n'appelle à voter pour aucun des candidats. On ne soutient personne, et on ne soutient même pas la dynamique électorale", tranche-t-il, tout en laissant entendre que la rue pourrait exprimer sa colère.

Il affirme soutenir les manifestations organisées ces dernières semaines pour dénoncer le quatrième mandat d'Alassane Ouattara, tout en niant les avoir encouragées directement. "Moi je ne leur demande pas de descendre dans la rue. Je ne donne pas l'ordre aux gens d'aller voter. Ceux qui sont dans la rue, je les soutiens. Je suis avec eux", a-t-il lancé.

Il en a également profité pour critiquer les interdictions de marche et les répressions. "La marche est une des manifestations dans une démocratie", a-t-il déclaré.

"Nous sommes un bloc"
Sur le plan diplomatique, il déplore la crise dans laquelle la sous-région se trouve, avec le départ de certains Etats de la CEDEAO. Selon Laurent Gbagbo, la Côte d'Ivoire a un fardeau trop lourd à porter. "C'est le combat de pays étrangers que la Côte d'Ivoire prend sur son dos". Il réitère sa volonté de garder des liens forts avec les pays ayant quitté cette alliance: "La Côte d'Ivoire ne peut pas vivre sans être en bonne relation avec le Mali, avec le Niger, avec le Burkina Faso. Nous sommes un bloc". Il a ajouté : "Si j'étais au pouvoir, en un mois, on rétablirait les bases fraternelles de ce pays".

Enfin, Laurent Gbagbo annonce qu'il quittera prochainement la direction de son parti, après un congrès prévu à l'issue des législatives. "Après le congrès, je ne serai plus candidat à la direction du parti. Je vais prendre un peu de temps pour moi et ma famille", a-t-il précisé. Pour l'ancien président, "il y a un moment où il faut s'arrêter".
source : tv5monde.com

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