Bon nombre d'ivoiriens de l'extérieur ont répondu à l'appel du Président, Alassane Ouattara, à venir investir en Côte d'Ivoire. Mais, après ce retour, beaucoup parmi eux se disent déçus. Ils dénoncent à Politikafrique.info, les difficultés qu'ils rencontrent, à l'occasion du 2ème forum de la diaspora ivoirienne ouvert ce lundi 22 mai à l'Hôtel Ivoire d'Abidjan.
« Diaspora ivoirienne 32 ème région de la Côte d'Ivoire. Quelles réponses africaines au phénomène de l'immigration irrégulière » est le thème de cette deuxième édition qui va durer deux jours, les 22 et 23 mai.
Abou Bakayoko est rentré en Côte d'Ivoire, après des années en France. Il y a quatre mois, il a créé son entreprise dans le domaine du bâtiment. « L'appel a été lancé par le Président de la République, mais il n'y a pas eu de mécanismes mis en place pour accueillir ce retour de la diaspora. C'est difficile, quand on arrive on est déçu, tous les business sont pris par les ministres. On n'est pas accompagné. Beaucoup retournent bredouille et déçus», déplore l'opérateur économique. Non sans préciser qu'en dépit de ces difficultés liées à l'insertion et à la lenteur de l'administration, il ne se décourage pas et reste optimiste.
Namandjo Coulibaly, Président de la diaspora ivoirienne en Afrique du Sud, abonde dans le même sens. « Les réalités sont difficiles surtout au niveau de la réinsertion. Le système de l'administration est lent, tout tarde, cela constitue un découragement. On a l'impression qu'on nous demande de rentrer mais de façon pratique rien n'est préparé donc quand nous revenons, nous sommes livrés à nous-mêmes. Quelques-uns sont venus mais sont repartis découragés compte tenu des contraintes », révèle Namandjo Coulibaly.
Toutefois, il espère que la collaboration avec le ministère de l'Intégration africaine et des ivoiriens de l'extérieur contribuera à améliorer les choses.
Quant à Béatrice Boia, qui a mis en place sa petite et moyenne entreprise depuis 2015, suite à l'appel lancé par le Président, Alassane Ouattara en 2012, elle reste sceptique. « Pour l'instant c'est dur au niveau du relationnel. Pour pouvoir s'insérer, c'est vraiment difficile après avoir fait 20 ans à l'étranger. Peut-être que je n'ai pas encore frappé à la bonne porte, je suis sceptique, j'attends de voir », lance la jeune dame.
Face à toutes ces déceptions, Idriss Diarra, résidant à Strasbourg, membre du comité scientifique du forum de la diaspora, invite ses amis venus investir à la patience. « C'est un processus, revenir ne peut pas se faire comme si nous allons dans un supermarché et repartir à la maison. Cela demande de la patience », insiste-t-il. Ainsi, il demande à l'Etat, la mise en place d'une cellule pour accueillir la diaspora qui rentre afin de l'orienter vers des secteurs d'opportunités, grâce à un répertoire et l'accompagner également à s'insérer.
Le Premier Ministre, Amadou Gon Coulibaly qui présidait la cérémonie d'ouverture du forum a rassuré que des dispositions ont été prises pour faciliter et encourager la réinsertion de la diaspora en Côte d'Ivoire « Notre devoir est de créer les conditions d'épanouissement de cette diaspora. Il s'agit de mettre en place des mesures de facilitation et de trouver des pistes pour sa participation active au développement du pays. Beaucoup de défis restent à relever et des atteintes à satisfaire. Je voudrais assurer que le gouvernement travaille activement à relever ces défis », a confié le chef du gouvernement.
Pour sa part, le Ministre de l'Intégration africaine et des ivoiriens de l'extérieur, Ali Coulibaly a indiqué que « les diasporas représentent un potentiel d'épargne considérable. Il nous faut trouver les mécanismes propres à valoriser cette épargne de nos compatriotes. C'est l'un des enjeux de ce forum. Ensemble nous devons promouvoir l'investissement productif par la mise en place d'instrument adaptés ».
La diaspora ivoirienne est estimée à plus de 1.240.000 aux quatre coins du monde.
source : Politikafrique.info | auteur : Gnoungo Fanta