Côte d'Ivoire : les hommes du président Ouattara
- publiè le : 2017-01-31 07:36:58

(Photo d'archives pour illustrer l'article)
Avec son air de ne pas y toucher, il a gravi tous les échelons. Lentement mais sûrement, il s'est imposé comme une évidence. À ses détracteurs qui l'ont toujours qualifié d'éternel second, Daniel Kablan Duncan (DKD) peut désormais répondre qu'il est un second de choix%u2009: premier vice-président de l'histoire de la Côte d'Ivoire et deuxième personnalité de l'État. Alors ce 16 janvier, lorsqu'il est investi dans ses nouvelles fonctions par le Conseil constitutionnel et le président Alassane Dramane Ouattara (ADO), une certaine fierté se lit sur son visage. Sans en faire trop ou trop peu bien sûr, comme d'habitude... L'homme aime la mesure. À peine s'encanaille-t-il quelques secondes avec un hommage à sa « chère et tendre épouse, Clarisse » et à son fils, Albert.
Assis à sa gauche ce jour-là, Alassane Ouattara bien sûr, mais aussi Amadou Gon Coulibaly (AGC), l'ancien secrétaire général de la présidence qui lui a succédé, le 10 janvier, au poste de Premier ministre. Ceux qui ont pu assister à la prestation de serment auront remarqué que le chef du gouvernement occupe désormais, conformément à la nouvelle Constitution, le troisième rang dans l'ordre protocolaire, juste devant le président de l'Assemblée nationale fraîchement réélu, Guillaume Soro. Un jeu de chaises musicales dont les deux hommes ont plaisanté, toutes dents dehors, pendant le cocktail qui a suivi, mais qui a été pris très au sérieux par leurs protocoles respectifs.
Duncan et Ouattara, économistes de même génération
Les appareils photo crépitent. Le voici donc, enfin, le nouvel exécutif ivoirien. ADO, DKD, AGC, ces trois hommes aujourd'hui côte à côte se connaissent par coeur. Six ans qu'ils gouvernent ensemble, des décennies qu'ils se sont rencontrés. Et pourtant, sur le papier, rien ne les y prédestinait forcément, tant la relation et le parcours d'ADO avec l'un et l'autre diffèrent. Tant les personnalités de ces deux derniers s'opposent.
Duncan, c'est la continuité de l'État. »
DKD, AGC, c'est d'abord deux générations. 73 ans pour le premier, bientôt 58 pour le second. Lorsque Duncan entre au FMI, à Washington, en 1973, un certain Alassane Ouattara y exerce déjà depuis quelques années la fonction d'économiste. Très peu de temps après, ce dernier s'envole pour Paris afin de rejoindre le siège local de la BCEAO, l'autre en intègre l'antenne abidjanaise. Les deux trentenaires, bientôt quadra, se comprennent, ils parlent le même langage: celui de la finance et de l'économie. Le jeune ingénieur des travaux publics Amadou Gon entre lui à la Direction et contrôle des grands travaux (DCGTx), aujourd'hui Bureau national d'études techniques et de développement (BNEDT).
Partenaire politique de longue date
En 1990, quand ADO est nommé Premier ministre par Félix Houphouët-Boigny, il s'entoure de Duncan, qu'il bombarde ministre de l'Économie, des Finances, du Budget, du Plan, du Commerce et de l'Industrie %u2013 autrement dit, collaborateur principal %u2013 et d'Amadou Gon Coulibaly, qu'il nomme conseiller technique chargé du suivi des réformes dans de nombreux secteurs tels que l'agriculture, les transports et l'énergie. Un saut dans le grand bain de la politique pour tous les trois, alors que le pays traverse une grave crise économique. Il se traduira bientôt par une ouverture et une diversification de l'économie, mais aussi par des ajustementsstructurels et une préparation à la dévaluation du franc CFA.

Le coup d'État de décembre 1999 change la donne, inverse les sorts. DKD prend, dans les pas de Bédié, la route de l'étranger %u2013 il reviendra au bout de quelques mois et entamera, politiquement, une longue traversée du désert. AGC, qui est alors à la maison d'arrêt et de correction d'Abidjan, peut décamper. Comme il le raconta à l'époque%u2009: « Deux soldats armés sont arrivés, ils nous ont dit qu'on était libres. Nous nous sommes concertés, car il ne fallait rien faire d'illégal [...]. Nous avons accepté de les suivre à condition qu'ils nous conduisent quelque part où nous serions en sécurité. » Après le coup d'État avorté de septembre 2002 et les accords de Linas-Marcoussis, plusieurs personnalités RDR font leur entrée dans le gouvernement de réconciliation nationale de Seydou Elimane Diarra. Amadou Gon en fait partie et prend le portefeuille de l'Agriculture, qu'il occupera jusqu'en 2010.
Duncan, l'atout stable de Ouattarra
Côté pile. En 2011, ADO devient président de la République. Et rebelote, il entraîne dans son sillage les deux hommes. DKD retrouvant, après un passage au ministère des Affaires étrangères, son fauteuil de Premier ministre et AGC devenant le secrétaire général de la présidence. Mais le contexte et le rapport de force ont changé. Le PDCI et le RDR ont beau être des alliés électoraux, c'est bien ce dernier qui gouverne. Et Ouattara a certes besoin d'un économiste pur jus, mais aussi d'un politique, qui maîtrise le système politico-social ivoirien, ses acteurs, ses turpitudes. Gon, maire et député de Korogho depuis des années, a le profil parfait. Telles les deux faces d'une même pièce politique, DKD et AGC marcheront donc ensemble.
Il (Duncan) cherche toujours le consensus, et cela devient un handicap quand il faut trancher »
« Duncan, c'est la continuité de l'État, il maîtrise tous les dossiers, les projets lancés sous Bédié qui, à cause de la décennie de crise, n'ont pas été mis en oeuvre », assure un ministre actuel PDCI. Opérationnel, le Duncan version 2011, qui a le crâne un peu plus dégarni mais le débit toujours aussi rapide, s'attelle à faire redémarrer l'économie. Le Premier ministre gère aussi les portefeuilles de l'Économie, des Finances et du Budget, a la confiance du Chef de l'État et les coudées franches%u2009: rencontres avec les bailleurs de fonds et les investisseurs du monde entier, inauguration de chantiers tous azimuts, etc.
Sagesse politique
DKD séduit. Les milieux d'affaires l'adorent, louent ses capacités d'analyse, sa mémoire, sa rigueur... « Un grand commis de l'État », selon un diplomate. « S'il prend un dossier en charge, on est sûr qu'il arrivera à son terme. Il sait prendre le temps de la réflexion, n'est pas arc-bouté sur ses positions », déclare un administrateur de la Confédération générale des entreprises de Côte d'Ivoire (CGECI). « Artisan de la réussite du Contrat de désendettement et de développement (C2D) français » pour les uns, « meneur énergique des débats lors de la présentation du Plan national de développement 2016-2020 à Paris » pour les autres...
Respecté à l'étranger, il l'est aussi par ses ministres, même si certains lui reprochent sa lenteur dans les prises de décision. « Il cherche toujours le consensus, et cela devient un handicap quand il faut trancher, explique l'un de ses anciens ministres. C'est une des raisons qui nous poussaient à faire remontrer certains dossiers à la présidence. Parfois avec son accord, parfois sans. » Et de continuer%u2009: « Il est personnellement réglo et très procédurier, mais je n'ai jamais constaté qu'il ait tenté de mettre fin aux dérapages que nous pouvions tous remarquer. Comme il est honnête, il pense que tout le monde l'est... »
Les critiques les plus virulentes viennent finalement de son propre camp, le PDCI, où on hausse souvent les épaules à l'évocation de son nom. « Incolore, inodore, il ne gêne personne », tacle un baron du parti. « Ni PDCI ni RDR, il est surtout Alassaniste », lâche un second. « Ne comptez pas sur lui pour donner son avis, même sur des petites choses. Il est comme sans personnalité, sans conviction », clos un dernier.
Coulibaly, fidèle coûte que coûte
Côté face. « Gon », pour qui le mot « fidélité » n'est pas un vain mot. De quoi faire l'objet de quelques caricatures, comme celle, récente, du journal satirique L'Éléphant déchaîné, qui écrit%u2009: « Pour lui, après Dieu, sur terre, il y a notre président ». Les mauvaises langues disent également que sa nomination au poste de Premier ministre n'est en fait qu'une officialisation d'un rôle qu'il occupait déjà en réalité, tant son influence ne cessait de grandir.



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